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Leur société
Les élections prud'homales : Répondre aux attentes des travailleurs qui veulent faire face aux patrons
Les résultats des élections aux conseils des prud'hommes, le 3 décembre, ont été marqués d'une part par la progression des résultats de la seule CGT, parmi les grandes confédérations syndicales, et d'autre part par une nouvelle baisse du taux de participation des salariés à cette élection.
En fait la CGT, qui apparaît en général aux salariés comme le syndicat le plus combatif et le moins apprécié des patrons, a peu gagné : 1,6 %, passant de 32,2 % à 33,8 %. Mais cette avancée a été parallèle au recul des autres confédérations syndicales directement concurrentes, classées en général comme « plus réformistes ». La CFDT recule de 3 % passant de 25,1 % à 22,1 % ; FO recule de 2,3 %, avec 15,9 % cette année contre 18,2 % en 2002.
Le poids de la CGT apparaît plus nettement parmi les ouvriers regroupés dans la section industrie, puisque avec 41,8 % des voix elle obtient cette année plus que la CFDT et FO réunies (38,3 %).
La CGT ne fait cependant que retrouver son score d'avant 1997, alors qu'elle reculait régulièrement au fil des années lors de ces élections. Le reste des mouvements électoraux est bien peu significatif puisque si la CFTC recule de 0,9 % avec 8,9 %, la CGC gagne 1,2 % avec 8,2 %. Quant aux autres syndicats, Solidaires qui se présentait partout pour la première fois a recueilli 3,8 %.
Si ce résultat peut conforter les militants CGT qui dans les entreprises font tout pour avoir une attitude plus combative, c'est tant mieux. Bernard Thibault, le secrétaire général de la CGT, avait déclaré avant ces élections qu'elles seraient « un test social » ; après les résultats, il a dit que ceux-ci avaient « une vraie signification dans le contexte actuel ; c'est un message adressé au gouvernement et aux employeurs sur la politique sociale et économique mise en oeuvre ». Mais comment le dirigeant de la première confédération syndicale du pays va-t-il traduire dans les faits ce « message » ?
En effet, il y aurait du chemin à faire de la part de tous les dirigeants confédéraux, s'ils voulaient vraiment redonner confiance aux travailleurs dans l'action collective, et par là le goût et l'envie de s'investir dans l'action syndicale. Car si ces élections ont été marquées, encore cette année, par le barrage de bien des employeurs à la participation de leurs salariés à ces élections, la désaffection croissante des salariés a aussi bien d'autres raisons.
De multiples témoignages ont fait état des difficultés à surmonter pour voter. Cela va de la mise en chômage ce jour-là, aux pressions ouvertes ou voilées pour dissuader les salariés de s'absenter de leur poste pour aller voter. Les patrons dans leur majorité ne veulent pas que leurs salariés manifestent leur volonté de se défendre ou de résister à l'arbitraire patronal. Ils les veulent soumis, un point c'est tout
Mais si la participation des salariés n'a jamais cessé de chuter, passant (selon les chiffres de la CGT) de 63,25 % en 1979 à 25,54 % cette année (32,66 % en 2002), la politique des grandes confédérations syndicales y est aussi pour quelque chose. Cela fait des années que le patronat est à l'offensive, appuyé par les gouvernements en place. La peur du chômage a certes pesé, mais la passivité des grandes confédérations aussi. Avant même ces dernières semaines et le développement soudain de la crise, elles n'ont jamais présenté le moindre plan de mobilisation, ni indiqué comment à leur avis les travailleurs pouvaient mettre en échec l'offensive gouvernementale et patronale.
Les compétitions les plus acharnées entre confédérations syndicales (y compris dans ces élections) ont porté sur leur place respective dans les futures rencontres auxquelles le gouvernement et les patrons voudront les convier ; on n'ose pas dire « négociations », tant ce sont ces derniers qui dictent leur loi. Mais justement, ce qui est plus urgent que jamais est d'inverser ce rapport de forces au profit des travailleurs. Cela ne se jouera pas autour des tables de négociation mais dans les usines, dans les bureaux, dans la rue. Les travailleurs qui ont manifesté leur volonté de ne pas se laisser faire dans ces élections doivent être entendus, non seulement du patronat, mais aussi de ceux qui se proclament leurs dirigeants.