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Dans le monde
Côte-d'Ivoire : Ouverture du procès des déchets toxiques
Les principaux responsablesne sont pas sur le banc des accusés
En Côte-d'Ivoire, le procès du Probo Koala s'est ouvert depuis le 29 septembre à Abidjan. À l'époque des faits, en août 2006, ce cargo avait déclenché une très grave pollution en déversant à l'air libre dans Abidjan 528 m3 de boues hautement toxiques, constituées d'un mélange de soude caustique, de soufre, de phénols et hydrocarbures. Cette pollution, touchant une quinzaine de sites, avait fait officiellement 17 morts et intoxiqué des milliers de personnes.
Deux ans plus tard, neuf personnes se retrouvent sur le banc des accusés, dont le directeur général de la société Tommy qui avait organisé l'épandage de ces déchets. Il risque la prison à perpétuité pour « empoisonnement ». Six autres personnes sont poursuivies pour « complicité d'empoisonnement », parmi lesquelles le directeur technique du port d'Abidjan et trois douaniers. Dans le box des accusés figure également l'ancien directeur général des affaires maritimes et portuaires, qui avait donné son agrément à la société Tommy quelques semaines seulement avant les faits. En revanche, ni les dirigeants de la société Trafigura, la multinationale d'origine néerlandaise qui avait affrété le Probo Koala pour transporter ces résidus, ni les hauts responsables du port autonome d'Abidjan ne sont poursuivis. Deux Français, hauts cadres de Trafigura, avaient été arrêtés au moment des faits, mais ils ont été relâchés quelques mois après. La cour d'appel d'Abidjan a prononcé un non-lieu à leur encontre en mars 2008.
Il est pourtant évident que cette pollution délibérée n'a pu se faire que grâce à la complicité des dirigeants de Trafigura avec des sous-traitants sans scrupules, ainsi qu'avec les hautes sphères de l'État ivoirien qui, dans un premier temps, ont fermé les yeux sur ce trafic de déchets.
Il est vrai qu'entre temps, en 2007, le président ivoirien Laurent Gbagbo a conclu un accord à l'amiable avec les représentants de Trafigura : contre 100 milliards de francs CFA (152 millions d'euros), l'État ivoirien s'est engagé à arrêter les poursuites visant cette société. L'argent versé devait servir à indemniser les victimes et à dépolluer les sites. Mais comme le déplorait un rapporteur spécial de l'ONU dans cette affaire, après une visite en août dernier en Côte-d'Ivoire, certains sites « n'ont pas été décontaminés et continuent de menacer la santé de nombreuses personnes ».
C'est bien là le problème. Les vrais responsables de cette pollution s'en tirent à bon compte avec la bénédiction de Gbagbo, qui a bénéficié d'une importante somme d'argent pour alimenter la corruption de son régime et ses propres comptes en banque. Quant à la population, elle risque d'attendre encore longtemps avant de voir les responsables sanctionnés et qu'on la débarrasse de ces déchets.