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- Lutte ouvrière n°2097
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Leur société
Les sans-papiers maintenus dans la clandestinité... au profit des patrons
À Paris, 250 intérimaires sont en grève pour réclamer leur régularisation. Ils occupent des agences d'intérim avec le soutien des syndicats CGT et Solidaires, ou manifestent devant Manpower, Adecco, Vedior-bis dans le XIIe arrondissement ; devant Perfect-Intérim et Man-BTP dans le Xe, rue Saint-Vincent-de-Paul, où 88 salariés sans papiers sont en grève depuis trois mois.
Alors que le patronat des sociétés d'intérim admet publiquement employer à Paris plus de 10 000 sans-papiers, la préfecture refuse systématiquement d'examiner les demandes de régularisation de ces travailleurs, sous le prétexte fallacieux qu'ils n'ont des contrats de travail que pour des missions provisoires. Mais presque tous les intérimaires travaillent toute l'année sur des chantiers successifs !
Pour le moment seuls seize intérimaires, employés dans le Centre intercommunal de traitement d'ordures ménagères de Romainville en Seine-Saint-Denis, dont les contrats de travail ont été requalifiés en CDI, ont été régularisés. Pour des prétextes similaires, les préfectures refusent les demandes de régularisation des salariés travaillant dans les services à la personne, essentiellement des femmes. Sur 90 dossiers déposés en avril, seuls 18 sont en cours de régularisation.
Depuis le 15 avril, en Île-de-France, les mouvements de grève de salariés sans papiers ont touché plus de 70 entreprises, principalement de la restauration, du bâtiment et du nettoyage. Aujourd'hui, des grèves ont toujours lieu sur une vingtaine de sites. Cela concerne de nouvelles entreprises comme des agences intérim, mais aussi dans des entreprises où les patrons refusent de céder, comme à Ma Net dans le XIe, au Bistro Romain sur les Champs-Élysées, chez Griallet à Montreuil (Seine-Saint-Denis), chez PLMT à Pavillons-sous-Bois (Seine-Saint-Denis), etc.
En six mois, grâce à leur grève, un millier de travailleurs sans papiers ont été régularisés. Le gouvernement a cédé au compte-gouttes. Il sait fort bien qu'en réalité 200 000 à 400 000 salariés sans papiers vivent et travaillent en France. Mais il les maintient volontairement dans la clandestinité et sous la menace permanente de l'expulsion... et cela pour le plus grand profit des patrons.