Paradis fiscaux : Le secret bancaire au coeur du système capitaliste10/10/20082008Journal/medias/journalnumero/images/2008/10/une2097.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Paradis fiscaux : Le secret bancaire au coeur du système capitaliste

Dans le concert de discours sur la moralisation du système capitaliste, les dirigeants politiques de tout bord s'en prennent en particulier aux paradis fiscaux.

Le socialiste Emmanuelli s'étonne que ce soit le Premier ministre du Luxembourg, « le plus grand paradis fiscal d'Europe », qui appelle à la refondation du système financier international, affirmant qu'« appeler les incendiaires pour jouer le rôle des pompiers est indécent ». Le ministre du Budget Woerth annonce son souhait de « relancer le combat contre les paradis fiscaux » en organisant une réunion des pays de l'OCDE. Une porte-parole de l'UMP enfin a comparé les paradis fiscaux à « des cailloux dans la chaussure européenne, qui empêchent la concurrence normale entre les États de l'Union » !

Voilà donc les paradis fiscaux rendus responsables de tous les maux du système capitaliste. C'est à se demander pourquoi ils ont été entretenus et acceptés si longtemps. En fait ils ont de beaux jours devant eux, car ils ne sont pas seulement le repaire des trafiquants et de criminels qui y blanchissent l'argent de la drogue et du crime ; les paradis fiscaux accueillent surtout des grandes banques et des grandes entreprises attirées par une fiscalité réduite qui leur permet d'échapper largement à l'impôt. Le journal Alternatives économiques estime que, début 2006, les banques y faisaient un peu plus de la moitié de leurs activités, qu'en 2007 les îles Vierges ont investi davantage en Chine que le Japon ou les USA, et que l'île Maurice a été le premier investisseur mondial en Inde.

Mais il n'est même pas besoin d'aller dans ces îles exotiques pour trouver des paradis fiscaux. Il s'en trouve aux portes mêmes des grandes puissances capitalistes : Monaco pour la France, les îles anglo-normandes pour le Royaume-Uni, les Bahamas pour les USA ou encore le Liechtenstein pour la Suisse ou l'Allemagne. Autant de lieux où l'opacité et l'anonymat sont la règle, une série de lois, de règlements fiscaux protégeant le sacro-saint secret des affaires. C'est incontestable, mais à ceci près que le secret règne aussi dans tous les centres financiers du monde capitaliste, dans toutes ces Bourses dont les indices sont en chute libre, parce que la spéculation y bat son plein, sans qu'on puisse savoir qui sont ces responsables, ni ce qu'ils ont fait exactement, ni de quoi ils seront sanctionnés... s'ils le sont.

Ce secret bancaire comme le secret commercial sont vitaux pour les capitalistes. Ils leur permettent de dissimuler d'où viennent et où vont leurs profits, où va l'argent tiré de l'exploitation. Le secret bancaire et commercial, et donc les paradis fiscaux sont au coeur même du fonctionnement de l'économie capitaliste. C'est toute la planète en fait qui est un paradis pour les capitalistes. Leurs sacro-saints profits y sont protégés par tous les gouvernements, au nom du droit des capitalistes de faire ce qu'ils veulent de l'argent qu'ils ont tiré de l'exploitation de la population.

Il faut exiger et imposer la levée du secret bancaire et commercial, et le contrôle des comptes par la population, à commencer par les employés des banques. Il faut exiger la transparence sur tous les mouvements financiers et la levée de l'anonymat, pas seulement aux îles Vierges ou aux îles Caïman, mais ici même, dans toutes les grandes entreprises et organismes financiers qui dictent leur loi à l'économie.

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