Paris 16e : Quand les riches défendent leur ghetto10/10/20082008Journal/medias/journalnumero/images/2008/10/une2097.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Paris 16e : Quand les riches défendent leur ghetto

Située dans le 16e arrondissement de Paris, la Villa Montmorency est une zone résidentielle close où logent des membres de la grande bourgeoisie traditionnelle et quelques-unes des grandes fortunes du pays. Les habitants de ce ghetto pour ultra-riches sont en émoi : la mairie de Paris a en effet l'audace de vouloir construire à proximité 180 logements sociaux.

La Villa Montmorency, qui n'est ouverte qu'aux invités de ses habitants très fortunés, est un lotissement de cinq hectares entouré de hautes grilles en fer forgé, avec herses et caméras vidéo. S'y concentre une centaine d'hôtels particuliers et de villas cossues. Des panneaux expliquent la philosophie du lieu : « La Villa Montmorency n'est pas publique »... « les contrevenants seront poursuivis ».

Les seuls piétons qu'on y croise sont du personnel en livrée ou les nourrices des jeunes héritiers des propriétaires. Une maison de 500 m2 vaut 10 millions d'euros et un hôtel particulier de 700 m2 avec jardin 17 millions.

On retrouve là le gotha des affaires : Vincent Bolloré (groupe Havas) et ses deux fils, Arnaud Lagardère (groupe Lagardère), Georges Tranchant (casinos du Finindusco), Dominique Desseigne (hôtels et casinos Lucien Barrière), Jean-François Roverato (groupe Eiffage), Jean-Paul Bucher (société de restauration Flo), Xavier Niel (société Iliad, qui possède le serveur Free), Jean-Paul Baudecroux (radio NRJ), l'opticien Alain Afflelou (pas si fou !). On ajoutera quelques vedettes du show-business, passé et présent : Rika Zaraï, Sylvie Vartan, Mylène Farmer et... Carla Bruni, qui accueille là son président de mari.

En fait, l'ensemble immobilier annoncé par la mairie ne sera visible que depuis la trouée d'une entrée secondaire de la Villa, mais c'est encore trop aux yeux de ses habitants, mobilisés derrière le maire du 16e arrondissement, l'UMP Claude Goasguen, et son adjoint à l'urbanisme et à l'architecture, Grégoire Chertok, tout à la fois associé-gérant de la banque Rothschild et... résident de la Villa Montmorency.

La mairie a prévu une construction en deçà de ce que permettraient les 14 000 m2 dont elle dispose sur un ancien terrain SNCF. Elle n'en est pas moins accusée, sans rire, de « bétonnage intensif » ! Mais, on l'a compris : pour les riverains, avec ces malheureux 180 logements sociaux annoncés sous leurs fenêtres, ils risqueraient d'apercevoir... des pauvres ! Horrible spectacle qui pourrait gâcher la digestion des mets que leur livrent à jet continu les meilleurs traiteurs.

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