Ensemble, les travailleurs ont la force de faire reculer la bourgeoisie et son gouvernement18/06/20082008Journal/medias/journalnumero/images/2008/06/une2081.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Editorial

Ensemble, les travailleurs ont la force de faire reculer la bourgeoisie et son gouvernement

La dernière en date des infamies du gouvernement est cette nouvelle loi sur " l'offre raisonnable d'emploi " qui consiste à obliger le chômeur à accepter n'importe quel emploi précaire, partiel, mal payé, et s'il ne l'accepte pas, son allocation de chômage sera d'abord diminuée, ensuite supprimée.

Il ne se passe pratiquement pas une semaine sans une de ces " réformes " qui, sous prétexte de déficit du budget de l'État ou de la Sécurité sociale, visent à vider les poches des salariés, des chômeurs, des retraités pour ne pas prendre aux riches, voire pour remplir encore plus leurs coffres-forts.

Et puis, il y a les attaques permanentes et directes du patronat lui-même : les restructurations ou les délocalisations qui se traduisent par des suppressions d'emplois ; la généralisation de la précarité ; le blocage des salaires ou leur augmentation dérisoire, alors que les prix s'emballent depuis plusieurs mois. Rien que la hausse extravagante du prix du carburant est une agression brutale contre le pouvoir d'achat de tous les salariés.

Cela ne peut et ne doit pas continuer.

Et pourtant, le gouvernement comme le patronat continueront à attaquer les classes laborieuses tant qu'ils ne se heurteront pas à une contre-attaque puissante du monde du travail.

Tous les salariés subissent les hausses de prix alors que les salaires ne suivent pas. Tous les travailleurs subissent les attaques gouvernementales contre les retraites, contre le remboursement des soins. Tout le monde du travail, et pas seulement les chômeurs, subit directement ou indirectement le poids du chômage et l'insécurité de l'emploi.

C'est tous ensemble que les travailleurs ont la force, la puissance sociale, pour menacer réellement la bourgeoisie et son pouvoir politique et pour les contraindre à reculer.

Ce serait aux centrales syndicales de préparer et d'organiser la contre-offensive des travailleurs. Elles ne le font pas. Elles ne cherchent à contraindre ni le gouvernement ni le patronat. Le rôle qu'elles entendent jouer, c'est celui d'avocat des travailleurs autour d'une table de négociations. Le patronat et le gouvernement mènent avec brutalité leur lutte de classe, mais les confédérations syndicales refusent d'organiser celle des travailleurs. Elles émiettent le mouvement avant même qu'il soit déclenché. Elles appellent les différentes catégories de travailleurs les unes après les autres et sur des revendications différentes.

Comment les travailleurs peuvent-ils se retrouver dans ces appels dispersés branche par branche, catégorie par catégorie ? Comment les militants syndicaux eux-mêmes pourraient-ils expliquer cette dispersion à leurs camarades de travail et tenter de les mobiliser quand même ? Il faut croire que les centrales syndicales cherchent à décourager les travailleurs, à les convaincre que les journées d'action ne marchent pas et que cela ne vaut pas la peine de perdre une journée de salaire !

Cette semaine encore, il y a plusieurs appels dispersés à des journées d'action spécifiques, les salariés du ministère de la Défense un jour, ceux du ministère de la Santé le lendemain, sans parler des dockers et du personnel de la télévision et de la radio publiques.

Il ne faut pas s'étonner dans ces conditions que la journée d'ensemble à laquelle ont fini par appeler les dirigeants syndicaux, le 17 juin, ait moins bien marché que ce qu'ils annonçaient.

Mais que le patronat et ses serviteurs du gouvernement ne s'en réjouissent pas trop bruyamment ! Ils n'ont pas seulement affaire aux directions syndicales, qui ne cherchent qu'une place autour de la table de négociation. C'est le monde du travail dans son ensemble qui n'en peut plus.

Et que l'on se souvienne qu'en Mai 68 si les confédérations syndicales ont, à l'époque, appelé à une journée de grève générale, c'est parce que le mouvement était parti de la base et qu'elles n'avaient pas le choix, si elles ne voulaient pas se déconsidérer complètement et se faire déborder.

La colère qui finira par exploser forcera la main des directions syndicales et pourra alors se déployer pleinement contre le patronat et le gouvernement.

Partager