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- Lutte ouvrière n°2081
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Dans les entreprises
Renault - Flins (Yvelines) : Flexibilité... avant rupture
Après la visite récente de deux ministres venus vanter la possibilité de rachat des RTT, l'usine Renault de Flins a reçu le 9 juin celle du PDG, Carlos Ghosn, accompagné du secrétaire d'État à l'Industrie. Devant les caméras, Ghosn s'est félicité d'avoir trouvé à Flins une " entreprise moderne, dans laquelle les gens se sentent très bien à tous les niveaux ". Il a osé évoquer les conditions de travail et surtout les " mesures qui permettent que Renault devienne encore plus compétitif ".
Et en effet dans le dernier numéro de Courants, sa publication, la direction de l'usine affirme que Flins ne serait pas assez flexible. Pour remédier à cet état de fait, elle envisage de faire main basse sur les comptes dans lesquels les travailleurs accumulent des heures supplémentaires à récupérer, que ce soit en congés (les KTI) ou en heures de formation non utilisées (les CEF). Elle fait clairement allusion aux usines de Douai et de Sandouville, où des accords beaucoup plus favorables aux patrons ont été signés par des directions syndicales.
Une sorte de campagne est donc actuellement menée dans l'usine, par l'encadrement comme par certains syndicalistes, pour tenter de préparer les travailleurs à un nouvel accord de flexibilité. À Flins, c'est pourtant depuis 1996 que la flexibilité est appliquée aux horaires de travail, et la mise en place de la loi des 35 heures s'est traduite, en 1999, par un accord encore plus défavorable aux salariés.
Actuellement, sur une vingtaine de jours de RTT, dix-sept sont à la disposition de la direction (KTC), qui place également selon son bon vouloir les cinq semaines de congés payés. Mais cela ne lui suffit apparemment plus. Elle semble gérer sa production à coup de " journées non travaillées ", les JNT. Sous prétexte de grève des routiers espagnols, les 11 et 12 juin ont ainsi été décrétés JNT et accolés au 13 juin déjà programmé JNT, en raison cette fois d'une baisse prévisible des commandes de Clio à direction à droite. Cette baisse serait, elle, consécutive à... la montée de l'euro par rapport à la livre sterling !
En fait, cette flexibilité si recherchée au nom de la sacro-sainte compétitivité capitaliste, la direction fait tout son possible pour essayer de la faire payer par les travailleurs, sur leurs horaires de travail comme sur leurs congés. Cette perspective, malgré les pressions et les " coups " médiatiques, ne recueille guère l'assentiment des principaux intéressés, les ouvriers.