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- Lutte ouvrière n°2042
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Dans les entreprises
Nicoll - Cholet (Maine-et-Loire) : Première grève et victorieuse !
Depuis quelque temps, il se passait du nouveau chez Nicoll, une entreprise d'un peu plus de 1 000 salariés qui produit des profilés plastiques à Cholet. Elle est la deuxième entreprise de la ville après Michelin.
Dans une région de tradition conservatrice, le patron avait connu des jours tranquilles, depuis 37 ans, protégé par un syndicat CFDT ouvertement de son côté. Ceci explique qu'en avril 2007 des salariés se soient tournés vers la CGT pour constituer un syndicat qui soit le leur, et pas celui du patron. Le mécontentement était si profond et si général que les listes CGT aux élections de délégués de juin obtenaient 70 % des voix !
Un accord salarial antérieur prévoyait 1 % d'augmentation en janvier, 1 % en juin, et une nouvelle rencontre patron-délégués le 6 septembre. Comme ces augmentations étaient loin du compte, le jeune syndicat CGT appela à un rassemblement des salariés pendant les " discussions ". 400 d'entre eux étaient là pour exiger une rallonge plus importante !
Mais quand les délégués sont sortis à 15 h 30, ils n'avaient reçu aucune proposition du patron. Sur-le-champ, la grève fut votée à l'unanimité. Et le lendemain 600 travailleurs étaient en grève : soit la totalité des ouvriers de production, rejoints par un certain nombre d'employés de bureau.
À 11 h 45, les délégués CGT ressortaient : la direction avait proposé une prime de 250 euros fin septembre, une augmentation de 1 % en octobre, 1 % en mars 2008 et 1 % en septembre 2008, et ils avaient signé l'accord, ainsi que la CFDT. Les salariés les ont alors hués, les accusant de faire comme la CFDT, de signer sans leur demander leur avis et scandant : " On veut de l'argent tout de suite. " Les délégués syndicaux, reconnaissant leur erreur, et sur les conseils de militants de l'Union locale, soumirent l'accord aux votes de l'assemblée générale. L'accord fut rejeté et la grève reconduite, avec rendez-vous le lundi matin.
Lundi 10 septembre, les grévistes étaient moins nombreux, 200, mais c'était les plus radicaux et la production était toujours paralysée. La direction recevait les délégués CGT dans l'après-midi, mais sans rien céder. À 15 h 30, la direction et les cadres tentaient même d'intimider les grévistes en distribuant un tract annonçant qu'il n'y aurait rien de plus, que l'accord avait été signé, etc.
Les grévistes chiffonnèrent alors le tract et le balancèrent par-dessus les grilles. Un délégué de l'Union locale CGT, connu pour avoir dirigé plusieurs grèves à Michelin, proposa alors d'organiser la suite du mouvement, notamment en manifestant dans les ateliers et en ville. Il fut immédiatement approuvé et applaudi. Ce que voyant, la direction craquait et prenait la parole devant les grévistes pour annoncer qu'elle accordait 2 % dès octobre, anticipant l'augmentation prévue en septembre 2008, avec promesse de se revoir si l'inflation dépassait 2 % en 2008.
Il n'y a sans doute pas une grande différence avec ce que prévoyait l'" accord du vendredi ". Mais les grévistes ont estimé à juste titre que leur mobilisation a fait reculer le patron. Lui qui n'osait pas prétendre que l'entreprise n'avait pas les moyens de payer mais qui déclarait, pour une fois sincère : " Si je cède, vous allez recommencer. "
La grève s'est terminée dans l'enthousiasme. Les grévistes ont non seulement gagné moralement face aux pressions du patron, mais ont aussi beaucoup appris en quelques jours, eux et leurs délégués !