- Accueil
- Lutte ouvrière n°2042
- Les sociétés d'autoroutes roulent sur l'or
Leur société
Les sociétés d'autoroutes roulent sur l'or
Les tarifs de certains péages ont grimpé en flèche depuis la privatisation des autoroutes, c'est ce que pointent deux organismes officiels, la Direction générale des routes et la Direction de la concurrence et de la consommation. Sur certains tronçons, l'augmentation approche ou dépasse les 8 % : ainsi, elle a été de 7,90 % en un an sur le trajet Paris-Lille, ou 8,33 % en deux ans entre Mulhouse et Belfort.
C'est bien plus que l'inflation, ou même que la hausse annuelle autorisée par l'État. Car, lorsque les autoroutes ont été privatisées en décembre 2005, l'État se réservait le contrôle des tarifs des péages, et les sociétés d'autoroutes devaient en limiter la hausse à environ 2,5 % par an, en se basant sur l'inflation et les investissements prévus pour réparer des tronçons. Cela permettait déjà de taxer les automobilistes pour qu'ils participent au financement de l'entretien des autoroutes, mais les sociétés d'autoroutes en veulent plus.
Pour se justifier, ces sociétés avancent que, si le péage a pu augmenter de 8 % sur certains tronçons, d'autres n'ont pas bougé, ce qui fait que la hausse moyenne est restée dans la limite des 2,5 %. Mais, comme par hasard, ce sont les parties les plus fréquentées qui ont le plus augmenté. C'est normal, rétorquent alors ces sociétés qui ont réponse à tout car, comme il y a beaucoup de circulation, ce sont justement sur ces portions qu'il faudra faire les travaux d'entretien les plus importants !
Il n'a pas fallu attendre longtemps après la privatisation des autoroutes pour que les grands groupes du BTP qui possèdent ces sociétés (Eiffage pour APRR, Vinci pour ASF, le groupe espagnol Albertis pour la Sanef ou encore Cofiroute) augmentent fortement leurs tarifs, au mépris de leurs engagements. Si, avec la privatisation, l'État leur avait vendu le droit de rançonner les usagers, les sociétés autoroutières devaient quand même respecter certaines limites. Mais même des services de l'État doivent constater qu'elles dépassent les bornes.