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Goodyear-Dunlop - Amiens (Somme) : La direction a dû remiser son projet
Vendredi 14 septembre, devant des centaines de travailleurs qui bloquaient les deux usines, la direction de Goodyear-Dunlop à Amiens est venue piteusement annoncer qu'elle retirait son projet de référendum sur le changement des horaires de travail. Grâce aux caméras de télévision, tout le monde dans le pays a pu voir un patron reculer précipitamment devant des ouvriers très déterminés.
Cela fait plus de douze ans déjà que la volonté de la direction de l'usine Goodyear d'Amiens d'imposer à tous le travail les week-ends se heurte à la détermination des ouvriers ! En 1995, ceux-ci avaient mené une longue grève, contraignant la direction à reculer. Celle-ci dut créer deux équipes supplémentaires travaillant le samedi, dimanche et lundi, en embauchant en CDI les intérimaires qui se portaient volontaires.
Depuis, les deux groupes Goodyear et Dunlop ont fusionné et les deux usines d'Amiens, séparées seulement par une rue, ne font plus qu'un seul ensemble, avec au total 2 700 ouvriers fabriquant des pneus de voitures et de tracteurs.
Cette fois-ci c'est donc l'annonce d'un référendum, programmé par la direction pour le vendredi 14 septembre, qui a déclenché la grève. La question retorse qui devait être soumise aux salariés était la suivante : " Pour donner un avenir au complexe, acceptez-vous ce projet ? " Ledit projet consistait en la suppression des équipes de week-end et le passage de toutes les équipes en 4 x 8. Ceux qui travaillent actuellement 32 heures (payées 35) le samedi-dimanche-lundi auraient dû travailler plus, et pour le même salaire, en 4 x 8 ; les équipes du matin, de l'après-midi et de nuit de la semaine, en 3 x 8, auraient été contraintes de travailler trois week-ends sur cinq en échange de 65 euros de plus par mois.
" Si on applique ça, je ne verrai plus mes gosses grandir. C'est déjà assez dur comme ça, alors s'il faut travailler le week-end et les jours fériés, ça va être terrible ", résumait un ouvrier. D'autant plus que cette réorganisation avait comme objectif de permettre la suppression de 500 postes dans les trois prochaines années !
Les travailleurs ont donc répondu massivement à l'appel des syndicats CGT et SUD pour la grève, mettant en place des piquets de grève devant les portes des deux usines. La direction, déjà échaudée par une grève de trois jours fin juillet, n'a attendu que quelques heures avant de remiser au placard son attitude arrogante et de faire profil bas en déclarant devant les ouvriers qu'elle retirait son projet de référendum. La grève s'est prolongée samedi 15 septembre sur le site de Goodyear.
La direction a beau faire du chantage sur d'éventuelles menaces pour l'avenir du site d'Amiens, qui seraient liées à des problèmes financiers, cela ne peut prendre, car tout le monde sait que Goodyear est un trust multimilliardaire. En tout cas la direction devra compter avec la combativité des ouvriers d'Amiens qui, pour l'heure, ont obligé leurs patrons à ravaler leur morgue.