Réunion de la gauche «qui veut gouverner» : Marchandages au sommet08/02/20062006Journal/medias/journalnumero/images/2006/02/une1958.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Réunion de la gauche «qui veut gouverner» : Marchandages au sommet

Le sommet de la gauche réunissant les formations qui se déclarent «prêtes à gouverner ensemble», selon la formule martelée depuis le congrès du Mans par les dirigeants du PS, a été précédé de quelques péripéties.

Il y a eu un coup de gueule de Marie-Georges Buffet qui déclarait: «Il y en a assez que les uns et les autres se cherchent des prétextes. Il y en a assez des petits jeux partisans qui conduisent à l'échec. Réunissons-nous sur ces deux points incontestables: organiser la riposte à la droite, organiser un grand débat populaire sur des propositions alternatives». Il y a eu aussi le refus des Verts de se rendre à cette rencontre sous prétexte qu'elle n'avait pas d'ordre du jour précis. Mais cette incartade théâtralisée fut de brève durée. Les convives seront donc tous présents, même les Chevènementistes, et pourront figurer sur la photo de cette future union de la gauche en voie de reconstitution, qui ressemblera, selon toute vraisemblance, comme deux gouttes d'eau à la précédente.

Certes les protagonistes offrent pour le moment un spectacle où apparaissent surtout les chamailleries. C'est de bonne guerre. Il en va ainsi dans tout marchandage.

L'enjeu, pour le PS, est d'obtenir de ses partenaires traditionnels leur appui pour la présidentielle de 2007. Derrière quel candidat? Bien malin qui saurait le dire aujourd'hui, pas même la direction du PS. Mais cela paraît secondaire pour les participants de ce sommet qui ne semblent pas s'en inquiéter et qui scandent en choeur, «on veut un programme» tout en sachant que si le PS, ou tel ou tel de ses dirigeants s'avançait à promettre le quart de la moitié de quelque chose dans un domaine quelconque, cela n'aurait aucune valeur pour l'avenir.

Pour s'en convaincre, il suffit de faire le parallèle entre Fabius à la tête d'une des manifestations du 7 février contre le CPE et le CNE, écharpe au vent, avec un chapeau très mitterrandien, et Jospin qui, en 1997, défilait en tête de tous ceux qui voulaient empêcher la fermeture de l'usine Renault de Vilvorde, en Belgique. Quelques semaines plus tard, cette usine qui appartenait à l'État était fermée. Jospin était devenu Premier ministre et avait oublié Vilvorde. Mais ce qui vaut aujourd'hui pour Fabius vaudrait tout autant pour un autre candidat ou candidate du PS qui accéderait à l'Elysée. Que ce soit Ségolène Royal, qui tressait ces jours-ci des louanges à Tony Blair, Strauss-Kahn, Hollande ou un autre. Des noms qui sont interchangeables pour une même politique.

En fait, ce qui se négocie entre les partenaires de cette gauche, ce n'est pas tant le candidat que le PCF, les Verts, les Chevènementistes sont prêts à cautionner, pas plus que le programme de ce candidat, mais le nombre de circonscriptions gagnables aux législatives qui vont suivre, en clair le nombre de députés que le PS concédera à ses partenaires en échange de leur appui à la présidentielle. François Hollande avait crûment précisé les termes du marché le 16 janvier dernier en déclarant: «Que vaut-il mieux pour ces partis politiques? Avoir un candidat (à la présidentielle) ou un groupe parlementaire?». Il semble que les Verts soient tentés par cette offre, tout comme Chevènement.

Quant au PCF, il faudra attendre son congrès qui se tiendra en mars. Le PCF présentera-t-il un candidat ou laissera-t-il cette candidature en débat, selon la formule utilisée jusqu'alors par la secrétaire nationale du PCF? Entre la pression de ceux qui se veulent les défenseurs de «l'identité communiste», et qui insistent pour que leur parti soit représenté par un des leurs, et les propositions alléchantes du PS, il n'est pas certain que le congrès du PCF en décide, en tout cas en décide tout de suite. Mais le fait même que la question se pose en ces termes, montre que les dirigeants du PCF ne sont pas plus prêts à défendre les intérêts des travailleurs qu'ils ne l'étaient en 1981 ou en 1997. Ils ont beau répéter dans des déclarations récentes que la gauche a été trois fois au pouvoir, et qu'elle a échoué trois fois, ils se montrent partants pour s'embarquer, toutes voiles dehors, vers un quatrième échec.

Les travailleurs, tous ceux qui veulent que les choses changent véritablement pour les classes populaires, n'ont absolument rien à espérer de ces sommets qui se succèdent, et ne conduisent qu'à des déboires et des échecs.

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