Barcelone : Le sommetde l’euro-hypocrisie02/12/20052005Journal/medias/journalnumero/images/2005/12/une1948.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Barcelone : Le sommetde l’euro-hypocrisie

Le premier sommet de l'Euromed, regroupant les États de l'Union européenne et dix pays méditerranéens du Maghreb et du Proche-Orient, s'est tenu lundi 27 novembre à Barcelone.

Ce sommet était la première rencontre entre les participants depuis la conférence de Barcelone de 1995, censée être le premier pas vers la création d'une zone de libre-échange entre l'UE et ces pays, prévue pour 2010. Mais il a au contraire mis en évidence la domination que les pays riches continuent d'exercer sur les plus pauvres, après dix années de prétendue coopération.

Déjà, si presque tous les chefs d'État ou de gouvernement de l'UE étaient présents, huit dirigeants sur dix des pays méditerranéens n'y ont pas participé. La plupart des absents entendaient visiblement marquer leur désapprobation envers l'insuffisance de l'aide économique que l'UE leur apporte, même si Chirac trouve que «cela fait beaucoup d'argent»! Mais ils protestent aussi sur la façon dont cette aide est donnée: «Nous trouvons humiliant que les Européens nous demandent des réformes en échange de quelques euros», a déclaré un ministre algérien. Elle est en effet accompagnée de leçons de démocratie adressées aux régimes de ces pays, que ceux de l'Union européenne, à commencer par les anciens colonisateurs, sont mal placés pour donner.

L'Euromed n'a débouché en fait que sur deux points d'accord, qui répondent plus aux préoccupations des dirigeants européens qu'ils ne marquent une égalité entre les participants. Il y a d'abord eu l'élaboration d'un «code de conduite antiterroriste», devant déboucher sur un renforcement de la coopération entre la police et la justice des 35 pays. Dans le contexte actuel, cela signifie surtout que les pays européens demandent aux autres de renforcer l'action policière contre leurs propres citoyens suspectés, à tort ou à raison, de sympathies pour des groupes de la mouvance islamiste. Cela sans que les États européens prennent le moindre engagement d'agir pour diminuer les inégalités et aider à surmonter les conflits qui fournissent un terreau aux groupes terroristes.

Quant au second point d'accord, c'est la lutte contre l'immigration clandestine. Le plan sur cinq ans qui a été adopté devrait se traduire par quelques aides économiques aux pays d'Afrique pour «fixer les populations» sur leur territoire, ainsi que par le renforcement des contrôles et des mesures plus répressives pour tenter d'empêcher les pauvres d'Afrique et d'Asie de mettre le pied sur le sol européen.

L'Euromed, selon les discours des dirigeants européens, était censé ouvrir une ère de coopération entre les rives de la Méditerranée pour en faire une zone de développement économique au bénéfice de tous les peuples. Dans ce sommet, la montagne accouche d'une souris. Les promesses de développement sont repoussées aux calendes, et les dirigeants européens demandent avant tout aux dirigeants des autres pays de faire la police contre leurs émigrants et leurs opposants.

Mais nul doute qu'à un prochain sommet de cet Euromed, les mêmes dirigeants européens seront tout prêts à revenir administrer leurs leçons de morale.

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