Après les violences dans les banlieues : Des jugements expéditifs02/12/20052005Journal/medias/journalnumero/images/2005/12/une1948.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Après les violences dans les banlieues : Des jugements expéditifs

Au cours des trois semaines de violences dans plusieurs cités de banlieue, la police et son chef suprême se vantent d'avoir interpellé près de 4 700 personnes, dont plus de 3000 placées en garde à vue.

Essentiellement des jeunes, dont de nombreux mineurs. 680 d'entre eux, dont 118 mineurs, ont été incarcérés. 577 mineurs ont été présentés aux juges des enfants. Avec célérité, la justice a pris le relais. 729 personnes majeures ont été jugées en comparution immédiate, 152 autres le seront ultérieurement. 422 de ces condamnations à la prison ferme étaient immédiatement applicables.

Les mineurs de moins de 18 ans n'ont pas été traités à meilleure enseigne. Selon le procureur d'Evry, «tous les mineurs contre qui nous avions des éléments et qui avaient l'âge d'être incarcérés l'ont été».

Trois jeunes sur quatre présentés à la justice ont été condamnés. Le plus souvent à des peines lourdes au vu des faits reprochés, appuyés par des témoignages vagues des policiers eux-mêmes. À Bayonne, ville qui ne connut pas d'incidents notables, trois jeunes ont été condamnés à deux mois de prison ferme pour avoir mis le feu à un fauteuil abandonné dans la rue. À Bobigny, trois accusés pour jets de pierres et de bouteilles sur des policiers, ce qu'ils nient, écopent de huit mois de prison dont deux fermes. Ces exemples ne sont pas exceptionnels.

Des avocats, des associations de défense des droits de l'homme évoquent «une justice d'abattage rendue en masse».

Après avoir laissé pendant plus de deux décennies des quartiers entiers à l'abandon, désertés par les services publics les plus nécessaires à la population, avec des effectifs d'enseignants et de travailleurs sociaux notoirement insuffisants, des immeubles dégradés faute d'entretien, un chômage générateur de pauvreté deux ou trois fois supérieur à la moyenne nationale, le gouvernement sous prétexte d'une petite délinquance et d'incivilités, souvent réelles, n'avait su que multiplier les contrôles policiers humiliants, provocants et inefficaces, couverts par les discours d'un ministre de l'Intérieur soucieux d'assurer sa carrière politique.

C'est ce que ces messieurs, gardiens de l'ordre, appellent «le retour à la normale».

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