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Leur société
Rapport sur la dette publique : L’arithmétique selon Breton
Le ministre de l'Économie vient de dévoiler dans les colonnes du Figaro -à tout seigneur tout honneur- l'une des conclusions du rapport Pébereau sur la dette publique du pays, avant même que celui-ci ne soit publié...
La dette de la France enfle, et atteint 1100 milliards d'euros, 66% du produit intérieur brut, alors qu'il y a un quart de siècle elle ne représentait que 20% du PIB. Alerte! nous prévient Thierry Breton: les engagements financiers futurs de l'État, des collectivités publiques et de la Sécurité sociale (c'est en effet là la définition de la dette publique) augmentent. Ils dépassent les critères de Maastricht, fixés à 60%. L'alerte est même rouge: ces 66% sont calculés selon la norme européenne; mais en fait, selon la norme comptable internationale, ladite dette dépasserait largement les 2000 milliards d'euros, et on atteindrait dans ce cas 120% du PIB.
Cette énorme différence de 900 milliards d'euros proviendrait des fonctionnaires, pis, des fonctionnaires retraités, actuels et futurs. Le montant de leurs pensions à venir devrait être inclus dans l'évaluation de la dette de l'État, annonce le ministre, s'appuyant sur le rapport Pébereau.
Curieuse manière de compter. Mais pas innocente. On voit d'ici se profiler derrière les annonces de Breton, derrière ses appels aux «efforts budgétaires permanents», «essentiels», les futures menaces sur les emplois publics, le fonctionnement des services indispensables à la population et les retraites des fonctionnaires. Breton prépare également la perspective de «continuer à vendre les actifs non stratégiques de l'État», entendez: continuer à privatiser à un rythme soutenu.
Les membres de la «mission» Pébereau ne sont pas des citoyens lambda. À commencer par le signataire de ce rapport, par ailleurs président du conseil d'administration de BNP-Paribas. Il y a aussi Édouard Michelin, Xavier Fontanet, le président d'Essilor, Pascal Lamy, le directeur général de l'OMC, et Michel Camdessus, l'ancien directeur du FMI. Mais ces gens-là sont-ils les plus qualifiés pour trouver les moyens de réduire le déficit public lié à l'augmentation de la dette? Ne sont-ils pas de fervents partisans des réductions d'impôts sur les bénéfices des sociétés, des dégrèvements de charges sociales que l'État est censé compenser, bref, des cadeaux somptuaires et permanents que les gouvernements font aux capitalistes sur le dos des classes populaires?
Mais après tout, ceux qui vident les caisses de l'État au profit de leurs amis les possédants n'ont peut-être pas tort de crier que le gouffre va encore s'approfondir!