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Leur société
Éducation : Des tuteurs, chiche! mais avec des moyens
Le ministre de l'Éducation nationale, de Robien, propose pour ce qu'il appelle les «quartiers défavorisés» «100000 étudiants titulaires d'une licence et élèves de première année de grandes écoles» pour exercer un tutorat sur 100000 élèves de ces quartiers.
Par-delà l'effet d'annonce, l'idée a toutes les chances de rester lettre morte.
Actuellement, des tutorats d'élèves de lycées de quartiers populaires existent. Des étudiants de grandes écoles s'occupent bénévolement des jeunes des quartiers «déshérités», mais ils s'occupent plutôt des bons élèves de ces quartiers, et cela ne concerne que quelques centaines d'élèves.
En soi, cette idée est positive. Qui peut être contre le fait que des jeunes cultivés et déjà formés transmettent leurs connaissances et aident des plus jeunes, de collège ou de lycée, qui en ont besoin? Ce serait répondre à une urgence et un gouvernement d'un pays riche comme la France, s'il le voulait, pourrait organiser cette aide. Des milliers d'étudiants, par leur dévouement, pourraient compenser les carences qui règnent actuellement.
Mais ce gouvernement est bien incapable de mettre réellement en oeuvre ses bonnes idées qu'il annonce en fanfare. Mobiliser l'énergie de jeunes désintéressés exigerait une véritable volonté politique, accompagnée des moyens nécessaires. Ces 100000 tutorats demanderaient toute une organisation, un lien entre les universités, les grandes écoles et les établissements scolaires, un encadrement de ces étudiants au niveau des établissements par un personnel ayant déjà une expérience.
Ce gouvernement est déjà incapable d'assurer l'ordinaire. Et on le voit mal s'engager dans cette démarche. D'autant moins qu'il se moque bien de l'amélioration du sort des plus démunis. Au contraire, il agit plutôt pour l'aggraver. Les années passées, les aides-éducateurs, qui sont en train de disparaître, ont souvent eu le sentiment d'être totalement sous-employés, faute d'une véritable prise en charge par l'administration de l'Éducation nationale. Il en va de même actuellement avec les «assistants pédagogiques», créés par le prédécesseur de Robien et qui arrivent depuis la dernière rentrée scolaire dans les établissements pour s'occuper des activités de soutien. Sauf que les moyens qui existent actuellement dans les établissements ne leur permettent pas une véritable prise en charge.
Il est plus facile de faire des effets de manches sur la question des quartiers en difficulté, quand les problèmes qui y existent se révèlent, que d'y remédier.
Le ministère de l'Éducation nationale précise que le projet de Robien n'est qu'une des «pistes de travail» et que «les modalités de cette prise en charge sont encore à l'étude». Cette précision était inutile. On ne s'attendait pas à autre chose.