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- Lutte ouvrière n°1948
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Dans les entreprises
RTM (Régie des transports de Marseille) : Après 46 jours, les traminots suspendent leur grève
Jeudi 24 novembre, dans l'après-midi, les traminots marseillais reprenaient le travail après avoir suspendu la grève qu'ils avaient débutée à la suite de la journée d'action du 4 octobre, se battant contre le projet d'un début de remise au privé du futur tramway de Marseille.
Les grévistes du dépôt de La Rose avaient voté en majorité la reprise du travail lundi 21, sur proposition des syndicats FO et UNSA qui avaient décidé de signer le relevé de conclusions présenté par la direction. Dans les autres dépôts, la majorité des grévistes votaient la poursuite de la grève à la demande des six autres syndicats de l'Intersyndicale, essentiellement la CGT et la CFDT.
Mercredi 23, quelques chauffeurs des dépôts de Saint-Pierre et La Capelette sont venus discuter à La Rose, pour convaincre les chauffeurs qui avaient repris le travail le lundi de continuer la grève. La discussion était facile. Mais ceux qui avaient repris le travail ne voyaient pas ce que la poursuite de la grève pourrait apporter en plus de ce que contenait le relevé de conclusions établi avec la direction.
Une assemblée générale regroupant les grévistes de tous les dépôts eut lieu à Saint-Pierre. Si les dirigeants de la CGT appelaient à continuer la grève, ils s'en prirent surtout aux dirigeants de FO et de l'UNSA, pour avoir appelé à la reprise du travail au 43ejour de grève. De nouvelles négociations eurent lieu, qui n'obtinrent rien de plus. La direction mit seulement un bémol à son chantage sur les conditions de reprise de ceux qui avaient continué la grève au-delà du 22 novembre. Au lieu de leur faire payer les jours de grève sur deux mois comme elle les en avait menacés, elle effectuerait les prélèvements sur cinq mois.
Jeudi 24 novembre, les assemblées qui se tenaient dans chaque dépôt, une fois le bilan présenté, décidaient de suspendre la grève.
Le travail reprit à partir du jeudi après-midi. C'est ce jour-là que, sur la radio BFM, le médiateur qui avait participé un instant aux négociations, Bernard Brunhes, reprocha son acharnement à la mairie de Marseille: «Je n'ai pas compris que des dirigeants, notamment politiques et ceux de la RTM, se disent on va avoir leur peau et pendant ce temps-là, les Marseillais vont à pied.» Il déclara aussi: «J'ai compris très vite que la mairie de Marseille et la direction de la RTM n'avaient pas la moindre envie que ça s'arrête, ou alors avec une CGT qui dirait: Ça y est, j'ai perdu.» «Il s'est dit choqué, écrit le journal La Marseillaise, qu'un certain nombre de gens autour du maire de Marseille n'aient eu qu'une envie, c'est de tirer dans le tas.»
Ainsi 46 jours de grève très largement suivie, qui avaient paralysé la ville, ont obtenu le report du plan d'entreprise et de la décision concernant la délégation de service public pour le futur tramway. Ce projet doit être rediscuté ultérieurement.
Les traminots se sont opposés courageusement à cette DSP, qui consisterait en fait à permettre à la Connex de ramasser les bénéfices du trafic d'un tramway tout neuf, construit aux frais des collectivités locales. Ils n'ont cependant pas pu obtenir à eux tout seuls la suppression du projet. Et certains regrettaient: «Les directions nationales des syndicats n'ont rien fait pour nous.»
La preuve est faite qu'il faudra mener des combats qui, dépassant les frontières des entreprises et des catégories, rassemblent les travailleurs sur des objectifs communs, afin de faire reculer cette politique de privatisations à tout va, de précarisation du travail et de bas salaires.