Aéroport de Roissy : La sous-traitance contre les salariés et la sécurité28/07/20052005Journal/medias/journalnumero/images/2005/07/une1930.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Aéroport de Roissy : La sous-traitance contre les salariés et la sécurité

Roissy est le plus grand aéroport du pays (76000 à 80000 salariés travaillent sur la zone de l'aéroport). La majorité d'entre eux sont employés par des entreprises de sous-traitance, soit directement pour ADP (Aéroport de Paris), soit pour des compagnies aériennes qui utilisent cet aéroport.

Du fait de ce recours à la sous-traitance, certains des plus anciens salariés, comme les bagagistes ou les agents de piste, ont changé six ou sept fois d'entreprise en cinq-six ans, pour faire le même travail. Par exemple, une grande majorité des bagagistes travaillent aujourd'hui pour Alezia. Hier, les mêmes étaient employés par WFS et avant encore par Aquarelle. Ces trois derniers transferts ont eu lieu sur une période de dix-huit mois. Ceux de WFS se sont retrouvés pour une partie Alezia alors que d'autres devenaient Europe Handling.

Pour eux, ce qui change, c'est la couleur de leur bleu de travail ou la couleur de leur gilet de piste au nom de l'entreprise contractante. Globalement ces salariés, même si leur contrat de travail change d'intitulé, sont tous repris. Mais ils doivent se battre à chaque transfert pour imposer le maintien de leurs salaires et des conditions de travail.

Dans la sûreté aéroportuaire (environ 3000 salariés sur Roissy), il n'en est pas tout à fait de même. Les compagnies, ou le donneur d'ordre ADP, lancent, environ tous les trois ans, des appels d'offres. Et ce n'est pas la société qui assure le meilleur service en termes de sûreté (c'est-à-dire de la protection des locaux, des installations et des personnes), mais celle qui propose le coût le plus bas, qui remporte le marché. En ces temps où planent paraît-il des menaces d'attentats terroristes, on ne peut pas dire que ce système soit le plus rassurant pour les passagers. Et dans ce cas-là, les salariés ne sont pas assurés de garder leur emploi: si, à chaque changement d'employeur, la convention collective stipule que 85% des salariés sont obligatoirement repris, cela signifie que les 15% qui restent peuvent se retrouver sur le carreau.

Et bien sûr, ce sont ceux qui ne plaisent pas qui feront partie de ces 15%. C'est pour les patrons l'occasion de prendre une revanche sur ceux qui revendiquent, sur les grévistes, etc. Et cela permet aussi aux employeurs d'exercer des pressions sur tous les salariés, non seulement lors d'un mouvement de grève, mais aussi par rapport aux arrêts en maladie, aux accidents du travail, voire aux simples retards, etc.

C'est le cas de Sécuritas, entreprise de sûreté qui contrôle les passagers et leurs bagages. Aujourd'hui, cette société vient de perdre son marché avec la compagnie aérienne American Airlines. Sécuritas a dû céder le marché à ICTS. Et American Airlines a déjà listé ceux de Sécuritas qu'elle juge indésirables et qui feront sans doute partie des 15% non repris.

Ces incertitudes quant à l'avenir n'ont cependant pas empêché cette année des mouvements de grève des personnels de la sûreté. Ils revendiquaient entre autres la reprise de tout le personnel en cas de transfert, ce qui serait bien le minimum. Mais ADP comme les transporteurs aériens ne comprendront visiblement que le jour où les avions resteront cloués au sol.

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