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Leur société
Salariés, chômeurs et Rmistes : Une seule classe ouvrière dont le sort est lié
Le rapport d'un sénateur, Michel Mercier, rendu public dernièrement, vient rappeler le poids toujours grandissant que va représenter la prise en charge par les départements des titulaires du RMI, dans le cadre des lois de décentralisation votées en 2003. Il faut dire que le nombre de titulaires du RMI a augmenté en 2004 de 8,5% pour atteindre 1216300 allocataires. Et ce nombre devrait encore croître en 2005 par suite, d'une part, de l'augmentation continue du chômage et, d'autre part, des effets de la réforme de l'Unedic, lorsque les patrons ont refusé d'augmenter leurs cotisations chômage, ce qui a entraîné vers le RMI un afflux de chômeurs non indemnisés ou indemnisés moins longtemps.
Le gouvernement s'est lancé dans une campagne visant à culpabiliser les titulaires du RMI et à les présenter comme "des privilégiés", qui recevraient une allocation "sans contrepartie". Cette campagne est le pendant d'une autre campagne du gouvernement de Villepin contre les chômeurs menacés de sanctions s'ils refusent un emploi ou feraient preuve "d'un manque d'effort dans leur recherche de travail".
Ces deux campagnes sont parallèles et ont le même but: réduire les malheureuses indemnités de survie dont peuvent bénéficier les salariés licenciés et tombés dans le chômage, pour ceux qui ont les plus bas salaires, que ce soit aux Assedic ou au RMI.
C'est la situation matérielle de toute la classe ouvrière qui est visée y compris les salaires versés à ceux qui ont un travail.
Les chômeurs indemnisés, ce sont des salariés qui ont été licenciés par leur patron. Cela peut tomber sur n'importe qui. Avec l'augmentation de la précarité, c'est un nombre toujours plus restreint de salariés licenciés qui peuvent avoir droit à une indemnisation par les Assedic et pour des périodes toujours plus courtes. L'ANPE a reconnu que 60% des retours officiels à l'emploi se font dans des contrats à durée limitée.
Les travailleurs pris dans l'engrenage des licenciements, s'ils n'arrivent pas à se trouver du travail par eux-mêmes, se retrouvent très vite en fin de droit et au RMI qui reste alors leur seule ressource. Régulièrement les statistiques montrent le poids prédominant du chômage de longue durée. Et oser parler de "privilégiés" pour des travailleurs qui, pour une personne seule, touchent 425,40 euros et qui en plus se voient supprimer leur droit à la retraite pour toute la durée de leur RMI, relève du cynisme patronal.
L'objectif de toute cette campagne, qui ne date pas d'hier, est de peser à la baisse sur tous les salaires de tous les travailleurs. Le gouvernement Raffarin, dans la continuité de celui de Jospin, avait étendu la possibilité pour un employeur d'utiliser un Rmiste en ne lui payant que la différence entre sa paye et le RMI, c'est le système du RMA. Cela aboutit évidemment à baisser considérablement le coût des salaires versés par le patronat.
Dans bien des centres commerciaux, les employeurs ne proposent que des contrats de 25 heures, ou moins, avec le salaire réduit d'autant et avec une journée de travail organisée pour le patronat, en fonction de l'utilisation optimum des salariés. Dans les usines, on voit également se mettre en place ce genre d'horaires, en dessous du temps de travail "normal", où des ouvriers se trouvent employés à 80% avec un salaire inférieur au smic. Et partout les patrons des plus grandes entreprises essaient de baisser les salaires en utilisant le chantage aux licenciements, pour "être plus compétitifs".
Si les patrons et les gouvernants s'en prennent aux chômeurs et aux Rmistes, c'est qu'ils comptent se servir de leur mise au pilori comme d'une arme contre tous les travailleurs. Plus la situation des privés d'emploi sera précaire, plus cela représentera une pression à la baisse sur tous les salaires et à l'intensification du travail.
Affirmer que la classe ouvrière est une même classe sociale, salariés, chômeurs ou Rmistes, ce n'est pas faire de la morale, c'est comprendre que nos intérêts sont totalement liés quelle que soit notre situation actuelle et que c'est en menant ensemble la guerre au patronat et aux gouvernements qui le soutiennent que nous arriverons tous à nous en sortir.