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- Lutte ouvrière n°1930
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Dans les entreprises
Alstom-Chantiers de l'Atlantique - Saint-Nazaire : Grève des ouvriers polonais de Kliper
15 ouvriers sont en grève depuis jeudi 21 juillet pour obtenir le paiement de leurs salaires, impayés depuis deux mois.
Ils ont été embauchés en Pologne pour le montage des chemins de câbles électriques à bord d'un paquebot en construction à Saint-Nazaire. Leur employeur direct, Kliper micro-entreprise polonaise, a été recruté par une société française implantée à Saint-Nazaire, la Gestal, elle-même sous-traitante habituelle des Chantiers de l'Atlantique.
Evidemment, comme elle l'avait déjà fait en 2003 pour les travailleurs roumains, grecs, indiens et portugais qui, eux, aussi avaient fait éclater leur colère pour récupérer une partie de leurs salaires, la direction des Chantiers, cette fois encore, fait l'étonnée et joue la vertu indignée et outragée en accusant ses entreprises sous-traitantes de "pratiques sociales illégales".
Un mécanisme bien huilé
S'il est patent que le patron de Kliper a des méthodes de "maffieux", la direction des Chantiers n'en porte pas moins la responsabilité de ce qui se passe sur le site. En effet, c'est elle qui choisit et fixe ses conditions aux sous-traitants. Elle sait se montrer très exigeante sur le respect de la qualité, des délais et des coûts de production. Mais rien de tout cela évidemment en ce qui concerne les conditions de travail, de salaires ou de vie des travailleurs.
La grève des ouvriers de Kliper a permis de mettre à nouveau sur la place publique ce qui se passe aux Chantiers de l'Atlantique, filiale du groupe Alstom, qui bénéficie de l'entière complicité des pouvoirs publics et politiques locaux.
Une lutte qui se fait entendre
Les grévistes même s'ils ne sont pas nombreux, avec l'aide des militants de la CGT, ont multiplié les manifestations.
Sur le marché, dimanche dernier, comme chaque jour partout en ville et aux Chantiers, mais aussi à Nantes, leur présence, avec une grande banderole pour réclamer leurs salaires, ne passe pas inaperçue, malgré la période estivale ! Le tract qu'ils distribuent à la population pour expliquer leur situation suscite de nombreuses discussions. À part quelques réflexions xénophobes, les discussions sont solidaires et révoltées contre "tous ces patrons" qui ne pensent qu'à faire de l'argent sur le dos de tous les travailleurs, d'ici ou d'ailleurs !
La lutte des travailleurs polonais a rapidement permis le paiement par Gestal de 30% des salaires dûs, à la place du patron polonais qui s'est volatilisé.
Comme cela a déjà été le cas en 2003 pour les Grecs, Indiens, Roumains et Portugais avec chacun de leurs donneurs d'ordres, ces sommes correspondent exactement au montant des créances non encore réglées par la Gestal à Kliper pour les travaux effectués. Gestal et derrière elle les Chantiers de l'Atlantique peuvent ainsi apparaître comme "charitables", sans que cela ne leur coûte en fait un sou de plus. Et cela leur permet aussi de se mettre à l'abri des poursuites judiciaires que la loi française prévoit dans cette situation.
Cela ne doit pas masquer qu'il reste encore 70% des salaires à récupérer.
Mais cette première victoire partielle permet déjà de répondre aux besoins les plus immédiats et de maintenir un moral élevé. La lutte continue...