Des sans-papiers afghans viennent d'être expulsés vers leur pays d'origine, dans un avion charter affrété conjointement par la France et le Royaume-Uni. Début juillet, les ministres de l'Intérieur de cinq pays européens (Allemagne, France, Italie, Espagne, Royaume-Uni) s'étaient mis d'accord pour regrouper les expulsions d'immigrés clandestins afin de les rendre plus rentables ! Ce charter est le premier exemple de cette "européanisation" en matière d'expulsions.

Les Afghans renvoyés de France sont des réfugiés qui ont vu leur demande de droit d'asile rejetée. De retour dans leur pays, ils risquent leur liberté, peut-être même leur vie. Certains, très jeunes, peut-être même mineurs, devraient pouvoir bénéficier de la protection que la loi, pourtant restrictive, impose. Mais ce n'est pas ce qui préoccupe le ministre de l'Intérieur français (et certainement pas non plus son homologue britannique) qui veut avant tout montrer sa fermeté dans sa lutte contre l'immigration clandestine.

Avec ces charters européens, un nouveau pas est franchi dans l'arbitraire policier. Quand des émigrés expulsés de force voyagent dans des avions de ligne, des passagers sont là pour protester et témoigner, et ils l'ont déjà fait à maintes reprises. De même, des pilotes ont refusé de faire décoller leur appareil. Si les avions sont uniquement remplis d'expulsés, qui pourra témoigner si des brutalités sont commises contre eux ?

L'Union européenne renforcerait les liens entre les peuples, nous vantent ceux qui chantent ses louanges. C'est souhaitable et peut-être vrai pour les pays qui la composent, mais ce nouvel exemple de coopération policière montre que cette Europe devient de plus en plus une forteresse, qui rejette les immigrés venant des pays pauvres.