Guerre aux pauvres ?23/08/20022002Journal/medias/journalnumero/images/2002/08/une1777.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Divers

Guerre aux pauvres ?

Cet été, de nouvelles municipalités ont décidé d'interdire la mendicité sur leur territoire. Certaines l'interdisent ouvertement, d'autres prohibent hypocritement les "occupations abusives et prolongées de l'espace public", mais le résultat est le même : en France, on a le droit d'être pauvre, mais il ne faut pas le montrer !

Les premiers arrêtés antimendicité avaient été pris en 1995. Les maires de ces communes, de droite mais aussi de gauche comme celui de La Rochelle, avaient alors mis en avant le caractère touristique de leur cité pour interdire aux mendiants de "gêner" selon eux les visiteurs. En réalité, cela n'était qu'un prétexte. Il s'agissait surtout de satisfaire la partie la plus réactionnaire de l'électorat. Et les années suivantes, d'autres municipalités ont suivi le même chemin. Cette année, des villes comme Argenteuil dans le Val-d'Oise ou Brunoy dans l'Essonne, pourtant peu réputées pour leur attrait touristique, s'y sont mises aussi, tout comme Orléans, Angoulême, Metz, Quimper et d'autres. Et quand toutes les villes auront interdit la mendicité, que fera-t- on des mendiants ?

Cette guerre aux plus pauvres fait retourner toute la société en arrière. Au lieu de chercher à aider ceux qui se sont retrouvés à la rue à s'en sortir, on ne fait que les faire disparaître de telle ou telle ville. Au XIXe siècle, la police pouvait les arrêter et les faire enfermer en prison ou dans des ateliers où on les obligeait à travailler de force pour presque rien. Est-ce vers cela que l'on va ?

En tout cas, la société fabrique sans arrêt des pauvres et il est plus facile pour les autorités de s'en prendre à ceux qui en sont réduits à faire la manche, que de s'attaquer aux racines du problème : un système économique et social fait pour les seuls intérêts des plus riches.

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