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Leur société
Pantin (Seine-Saint-Denis) : Les conséquences du manque de logements
Mardi 20 août, une quarantaine de travailleurs logés provisoirement dans un gymnase scolaire de Pantin (Seine-Saint-Denis) se sont retrouvés à la rue. Des familles sont hébergées provisoirement dans l'espoir d'une proposition d'un véritable logement.
C'est la conséquence de l'évacuation d'un " hôtel ", le 22 juillet dernier, sur la commune de Pantin après que le feu eut pris dans un appartement du premier étage. Dix-huit familles, des travailleurs célibataires dont quelques " sans-papiers ", habitaient dans ce bâtiment de quatre étages, certains depuis plusieurs années. L'hôtel appartient à un propriétaire sans scrupule qui ne faisait aucun cadeau sur les loyers (environ 3 000 francs pour un F2), et laissait l'immeuble se dégrader. D'ailleurs, personne ne retrouve sa trace depuis l'évacuation.
Huit mois auparavant, des locataires étaient allés à la mairie pour signaler que le propriétaire ne payant pas sa part d'électricité, EDF avait coupé le courant en plein hiver. Les locataires avaient décidé de payer eux- mêmes l'électricité. La mairie, à l'époque, était intervenue pour revoir la conformité des installations.
Certains locataires étaient depuis longtemps sur les listes d'attente pour avoir un véritable logement.
Cette situation n'est malheureusement pas unique sur la commune et dans toutes les banlieues parisiennes. Il y a bien quelques réhabilitations d'immeubles anciens, mais au compte-gouttes. D'ailleurs parfois, faute de logements HLM, les services sociaux municipaux donnent ce genre d'adresse à ceux qui sont sur les listes d'attente pour avoir un logement social.
Après l'évacuation de l'hôtel, les services municipaux ont mis à la disposition des sinistrés plusieurs locaux pour les héberger et les nourrir : des gymnases, des logements d'accueil pour sportifs ont été mis à la disposition des familles.
L'inquiétude augmente, car la préfecture qui a des logements n'a fait aucune proposition pendant plusieurs semaines, si ce n'est que les " sans-papiers " ne devaient absolument rien attendre. Vendredi 16 août, elle a promis deux appartements. A ce jour, la mairie de Pantin a fait six propositions de logement plutôt pour les familles avec un ou deux enfants. Pour les autres, elle n'a rien de disponible actuellement. Elle donne une liste d'hôtels et chacun doit se débrouiller par ses propres moyens pour trouver une place introuvable.
La mairie rappelle qu'il y a déjà 2 000 demandes en attente pour 200 offres sur la commune. Comme partout ailleurs, il n'y a pratiquement plus de constructions de logements sociaux sur la commune. Et depuis quelques mois la municipalité affiche même une politique inverse en ce qui concerne le logement social. Le maire Kern, ancien député socialiste du temps où son ami Bartolone était ministre de la Ville, a toujours cautionné la politique de la " gauche plurielle " qui, au gouvernement, n'a pas cherché non plus à augmenter le nombre des logements sociaux, et depuis mars 2001 où il est devenu maire, il a proposé de mettre en vente une partie d'une cité dans le quartier populaire appelé " Les Courtillières ".
Pour préparer la rentrée scolaire, la municipalité avait demandé que le gymnase, où étaient hébergés les hommes célibataires, soit libéré le mardi 20 au matin. Pour une semaine ou deux, une chambre d'hôtel a été réservée pour certains. Les " sans-papiers " (une quinzaine) sont partis, sans qu'aucune solution même provisoire ne leur soit faite.
Le manque criant de logements fait que, même pour quelques dizaines de personnes, ce qui est relativement peu pour une ville de plus de 50 000 habitants, il n'y a comme solution que des chambres d'hôtels, à la merci de marchands de sommeil.