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- Lutte ouvrière n°1777
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Leur société
Juges et patrons contre les travailleurs de Whirlpool (Amiens : Somme)
Mercredi 14 août, le tribunal de grande instance d'Amiens a rendu son verdict dans l'affaire qui opposait la CGT à la direction de Whirlpool. Les patrons ont décidé de délocaliser une partie de la production et de licencier 360 des 900 salariés que compte l'usine picarde. La CGT demandait la suspension de la procédure de licenciement, s'appuyant sur le fait que la direction n'avait pas respecté la procédure de consultation des représentants des salariés.
Le juge a donné raison aux actionnaires. La direction va donc pouvoir entamer, dès le 20 août, les négociations sur le plan dit " social ", destiné à fixer les modalités selon lesquelles plusieurs centaines de travailleurs doivent être jetés à la rue.
D'autres centaines de travailleurs, de sous-traitants et d'intérimaires sont eux aussi condamnés.
Depuis plusieurs années, la direction mondiale du numéro Un du gros électro-ménager réduit les effectifs et déplace la production : d'Allemagne vers la France et l'Italie, et à présent de France vers les pays de l'Est. La direction et certains syndicats se vantaient, il y a quelques années, d'avoir attiré un surcroît de production à Amiens grâce à une législation française moins restrictive sur le travail intérimaire que celle en vigueur en Allemagne. Cela ne les empêche pas, à présent, de désigner comme responsable des licenciements le " dumping social " auquel se livrerait la Pologne où la précarité du travail est encore plus grande.
L'autre argument qui avait séduit les patrons de Whirlpool, à l'époque, pour la délocalisation de l'Allemagne vers Amiens, était le montant des subventions publiques : 63 millions d'euros...qui au final auront servi aux patrons pour racheter l'usine polonaise vers laquelle la production amiénoise est à présent délocalisée !
La direction cherche à désamorcer tout danger de réaction des travailleurs. Elle a d'abord fait circuler le bruit que les licenciés toucheraient " le pactole ". A présent, elle tente de diviser les travailleurs en rassurant les salariés qui resteront sur la pérennité de leur emploi. C'est oublier un peu vite les conclusions de son rapport d'expertise visant, il y a quelques mois, à justifier son projet de licenciement : elles soulignaient que l'usine d'Amiens ne pourrait jamais atteindre la barre des 6,3 % de bénéfices exigés par les actionnaires.
De quelque nationalité qu'ils soient, les travailleurs n'ont pas d'autre solution, au-delà d'escarmouches juridiques qui au mieux ne peuvent que retarder l'échéance, que de se mobiliser sur leur terrain, en paralysant la production.