Pertes ou pas, c'est tout bénéfice... pour les banquiers23/08/20022002Journal/medias/journalnumero/images/2002/08/une1777.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Pertes ou pas, c'est tout bénéfice... pour les banquiers

Le Crédit Lyonnais a, comme la BNP et la Société Générale, publié ses résultats pour le 1er semestre 2002. Si les bénéfices sont un peu inférieurs à ceux du premier semestre 2001, ils sont toujours plus que confortables, à 467 millions d'euros.

Des salariés n'ont pas manqué de remarquer que cela représente plus de 15 000 euros par employé. Mais, au 1er août, les augmentations de salaires ne seront que de l'ordre de 0,5 % pour les cadres et de l'ordre de 1 % pour les techniciens. Quant aux quelques centaines d'employés (500 sur 30 000) dont les salaires sont les plus bas, la direction leur octroie royalement 2 %. Vingt euros de plus par mois au grand maximum, ça ne va pas doper leur pouvoir d'achat ! Quand la direction met en place un système d'augmentation inversement proportionnelle, c'est si ridicule que l'effet est quasiment nul.

Bien sûr, vu les récents scandales financiers, on peut aussi s'interroger sur ce que l'on appelle officiellement la " sincérité " des comptes. Ces comptes, la direction exige que les services de comptabilité les rendent de plus en plus tôt. Si, en 1998, les chiffres paraissaient deux mois et demi après la date d'arrêté des comptes, aujourd'hui, c'est trente jours après. Derrière cette réduction des délais, il y a une forte augmentation de la charge de travail car celle des effectifs nécessaires pour que le travail se fasse à un rythme normal, on l'attend encore. D'autant plus qu'il ne faut pas simplement sortir le bilan mais " l'habiller " pour qu'il soit en ligne avec les discours des dirigeants.

Notons que le Crédit Lyonnais est toujours dans le collimateur de la justice pour des bilans présentés (et certifiés) en 1991 et 1992.

Cette année, aux observateurs qui ont demandé, lors de la présentation officielle, quelles provisions étaient passées (dans le langage bancaire : sommes mises de côté en prévision de dépenses, et dans ce cas de pertes) pour de grandes entreprises françaises comme Vivendi ou France Télécom, les présidents des " trois vieilles " - les principales banques " historiques " du pays, BNP, Société Générale et Crédit Lyonnais - ont présenté un front uni et se sont faits rassurants : ce n'était pas la peine de passer des provisions ! En particulier pour France Télécom, où, comme n'a pas manqué de le signaler le directeur général du Crédit Lyonnais, cité par le journal Agefi du 2 août, " l'État, premier actionnaire du groupe, sera garant de sa solidité financière ".

Les banquiers encensent les privatisations, la " libre entreprise ", mais dès qu'il y a un problème, ils comptent bien sur l'État - et les contribuables ! - pour payer les pots cassés.

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