Psychiatrie : livrée aux appétits privés21/09/20232023Journal/medias/journalnumero/images/2023/09/2877.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Psychiatrie : livrée aux appétits privés

D’après le service statistique du ministère de la Santé, 5 000 lits d’hospitalisation à temps complet ont disparu dans le secteur public de la psychiatrie entre fin 2008 et fin 2019 (-11 %). Depuis, la situation ne cesse d’empirer : rien qu’en juin 2023, des unités de soins psychiatriques ont fermé à Rennes, à Tourcoing, à Allonnes dans la Sarthe…

Les autorités prétendent vouloir privilégier des soins ne conduisant pas à enfermer les patients, mais le nombre de places en hospitalisation à temps partiel dans le public diminue aussi du fait de l’effondrement des capacités d’hospitalisation de nuit.

En revanche, l’activité des cliniques privées à but lucratif a explosé, augmentant de 23,5 % à temps complet et quadruplant en hospitalisation à temps partiel. Des groupes capitalistes investissent le secteur psychiatrique, après celui des Ehpad et des crèches, avec toutes les conséquences que l’on peut imaginer sur la prise en charge des patients… du moins de ceux dont les familles ont les moyens de payer les soins, car les autres sont livrés à eux-mêmes.

La croissance de la psychiatrie privée à but lucratif s’est accompagnée d’une forte concentration du secteur, avec un rachat de petites cliniques par de grands groupes dont trois concentrent désormais l’essentiel de l’activité : RamsaySanté, qui revendique plus de trente cliniques et 20 % du marché privé, Inicea, filiale du groupe Korian avec un nombre équivalent de cliniques, et les plus de cinquante établissements de Clinea, propriété du tristement célèbre groupe Orpea, dont la rapacité dans le secteur des Ehpad avait été dénoncée dans un livre au nom évocateur : Les Fossoyeurs.

Cet intérêt croissant des capitalistes pour la psychiatrie ne tombe pas du ciel : d’après le ministère de la Santé, celle-ci constituait en 2019 le secteur le plus profitable de tous ceux investis par les cliniques privées, avec une rentabilité nette qui a augmenté de près de moitié entre 2008 et 2020, passant de 5,4 % à 7,8 %... Les gouvernements, de droite comme de gauche, qui se sont succédé au cours des quinze dernières années ont tous contribué à cette évolution en réalisant des économies sur tout ce qui peut être utile à la population et en ouvrant au patronat de nouveaux secteurs où il peut rentabiliser ses capitaux.

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