Nos lecteurs écrivent : une commémoration salutaire21/09/20232023Journal/medias/journalnumero/images/2023/09/2877.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Nos lecteurs écrivent : une commémoration salutaire

Il y a près de 50 ans, en 1974, une grève des ouvriers de l’usine Piron, équipementier automobile à Bretoncelle, petite commune de l’Orne, réussissait à licencier leurs patrons. Un ancien ouvrier syndicaliste a décidé de faire revivre la mémoire de cette grève.

Avec une troupe de théâtre amateur, ils ont monté un spectacle qui raconte comment, après deux mois sans que les salaires soient versés, les ouvrières et les ouvriers se sont mis en grève, ont occupé l’usine et ont décidé d’en virer les patrons père et fils de l’usine. Ils ont raconté comment les femmes subissaient du harcèlement de la part de ces patrons, du fils en particulier, comment les machines, dont des presses, étaient souvent très vieilles, achetées pas cher, et utilisées par les travailleurs alors qu’elles étaient très dangereuses. En deux ans, huit accidents graves du travail avaient été recensés, dont une main écrasée.

La grève, organisée démocratiquement avec des votes en assemblées générales, a fait beaucoup de bruit à l’époque dans cette région rurale où les ouvriers venaient souvent des fermes alentours et n’avaient pas l’habitude de se rebeller. Dans toute la France, des comités apportèrent leur soutien, moral et financier.

Cet événement commémoratif a fait polémique quand la famille Piron a voulu s’opposer à ce qu’il ait lieu, la petite-fille prétextant que le spectacle allait salir la mémoire de son père et de son grand-père, les patrons de l’usine à l’époque. Le maire, qui avait donné son accord pour utiliser la salle des fêtes, est revenu sur sa promesse.

Le spectacle prévu a finalement bien eu lieu, devant plus de 360 personnes. À la fin, les vrais acteurs de cette grève, les ouvrières et ouvriers de l’époque encore en vie, et des participants à ces comités de soutien, ont pris la parole… et l’une d’entre eux nous a bien fait rire quand elle a raconté qu’après un méchoui, ils avaient lancé les os sur les gendarmes qui leur collaient aux basques !

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