Champagne : vendanges mortelles21/09/20232023Journal/medias/journalnumero/images/2023/09/2877.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Champagne : vendanges mortelles

Lors des fortes chaleurs, quatre saisonniers sont morts en Champagne, deux autres dans le Beaujolais. Il n’y a aucune fatalité dans ces décès, ils sont dus aux conditions de travail exécrables qui sont imposées aux vendangeurs.

Le travail se fait parfois à la tâche, c’est-à-dire qu’il est payé au kilo de raisin cueilli, ce qui pousse les vendangeurs à multiplier les efforts. Les horaires ne sont pas aménagés pour commencer à la fraîche, tôt le matin, mais s’étalent sur la journée en plein soleil. Les ouvriers n’ont pas d’abri pour récupérer lors de la pause du midi.

En Champagne, le responsable du syndicat patronal des vignerons a regretté ces décès, tout en disant qu’il était de la responsabilité des saisonniers de porter un chapeau et de bien s’hydrater… et que les ouvriers qui travaillent habituellement dans ce secteur ne rencontrent aucune difficulté le reste de l’année, quelles que soient les conditions climatiques. Quel cynisme ! Le travail dans les vignes est particulièrement pénible, et cela tout au long de l’année car, en Champagne, le travail se fait essentiellement à la main lors de la taille, du liage et aussi lors des vendanges, provoquant son lot de maladies professionnelles.

Lors des vendanges, ce sont 120 000 saisonniers qui viennent faire la récolte. Et, chaque année, certains d’entre eux se retrouvent hébergés dans des conditions indignes. Il en a encore été ainsi cette année, avec des campements faits de simples bâches et de quelques cartons, ou encore avec l’hébergement dans une serre horticole. Le constat des conditions sanitaires déplorables dans lesquelles vivaient les 73 travailleurs roumains ont obligé le sous-traitant qui les avait recrutés à les reloger en toute urgence.

Le recours aux sous-traitants est de plus en plus fréquent en Champagne, permettant notamment aux grandes maisons du champagne ou aux gros viticulteurs de se défausser de leurs responsabilités en cas de scandale sur les conditions de travail ou d’hébergement. Même dans ce secteur du luxe, où le raisin est le plus cher du monde, avec un prix au kilo de huit euros, la bourgeoisie, comme les familles Arnaud ou Ricard, propriétaires de vignobles, a une soif de profit insatiable et n’a que mépris pour les travailleurs.

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