Lampedusa : concours de démagogie21/09/20232023Journal/medias/journalnumero/images/2023/09/2877.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Lampedusa : concours de démagogie

À l’affût d’un maximum de bruit médiatique, les leaders d’extrême droite ne boudent aucune occasion de faire entendre leurs propos révoltants au sujet des migrants. L’arrivée récente de milliers d’entre eux sur l’île italienne de Lampedusa leur en a fourni l’occasion rêvée.

Venus principalement des côtes tunisiennes et libyennes, 11 000 femmes, hommes et enfants ont traversé la Méditerranée pour gagner l’Europe en accostant sur la petite île, en l’espace de quelques jours de beau temps. La traversée sur les barcasses de ferraille était un peu moins périlleuse qu’à l’ordinaire du fait de la météo. L’arrivée de ces cortèges d’humains épuisés et stressés – on le serait à moins – a posé d’énormes problèmes de logistique à la population de l’île, peu nombreuse, aux ONG et aux structures d’accueil sous-dimensionnées. Pourtant elles ont dans leur ensemble fait face, au mieux, à ce déplacement de population à la recherche de la simple survie.

Mais, pour les têtes d’affiche de la droite et de l’extrême droite, l’arrivée de ces nombreux migrants a été une occasion inespérée de se positionner, se bousculant pour occuper le terrain le plus fangeux, de débiter les formules les plus hostiles et se faire photographier au côté des plus réactionnaires.

Et d’évoquer, l’un après l’autre, la prétendue « submersion » que subiraient l’Italie, puis la France, terme particulièrement odieux lorsque les statistiques de l’OIM, l’Organisation internationale des migrations, font état de plus de 30 000 morts en Méditerranée en dix ans, pour la plupart disparus en mer. De Jordan Bardella à Marine le Pen pour le RN, en passant par Marion Maréchal, candidate zemmourienne aux futures élections européennes, d’Éric Ciotti à Bruno Retailleau des LR, on a fait assaut de superlatifs, en parlant de « chaos », « d’appel d’air dangereux », et autres surenchères imbéciles. Campagne européenne oblige, la nièce Le Pen s’est jetée dans les bras de Meloni, la Première ministre de Fratelli d’Italia, un parti d’extrême droite, tandis que la tante se montrait main dans la main avec l’autre leader du même bord, le ministre Salvini. Bardella, lui, s’est fait fort de mettre Macron en demeure de « prendre solennellement cet engagement : la France n’accueillera pas un seul migrant issu de l’opération concertée de Lampedusa ».

Lourde tâche que d’apparaître plus anti-migrants que le gouvernement ! De la chasse aux migrants à Calais, dans les Alpes, dans les campements de réfugiés, à celle aux sans-papiers dont on rend impossible la régularisation malgré leur place évidente dans la vie économique du pays, il y a fort à faire pour doubler les Macron-Darmanin sur leur droite. Ce dernier n’a pas manqué, lui non plus, un voyage à Rome pour proposer d’aider le gouvernement italien « à tenir sa frontière extérieure », autrement dit à rejeter les migrants. Pouvant être considéré comme responsable, en tant que ministre de l’Intérieur, de la mort de nombreux migrants en Manche ou à Calais, il sait de quoi il parle.

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