Violences policières : tout un ordre social à détruire21/09/20232023Journal/medias/journalnumero/images/2023/09/2877.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Violences policières : tout un ordre social à détruire

La France insoumise et d’autres organisations de gauche appellent à une manifestation, samedi 23 septembre, contre les violences policières et pour une réforme de la police.

Ces organisations s’appuient sur le sentiment de colère ressenti à juste titre par bien des jeunes et des familles populaires après l’assassinat de Nahel par un policier en juin dernier. Que les exactions policières et le racisme de bien des policiers révoltent ceux qui les subissent et au-delà une fraction de la jeunesse, est plus que justifié. Dans les banlieues, les jeunes savent qu’ils sont à la merci de contrôles au faciès ou d’injures si ce n’est de coups de la part de policiers qui en général n’ont pas de comptes à rendre sur leurs faits et gestes.

Les travailleurs, quand ils se mobilisent, lors des manifestations, trouvent face à eux la police, ses matraqueurs et ses tireurs de LBD. Cette violence a été massivement employée contre les gilets jaunes. Dénoncer ces exactions est légitime mais laisser entendre qu’il pourrait exister une « police républicaine » respectueuse des droits des individus est une tromperie. Les violences commises lors de manifestations ou de descentes dans les quartiers populaires ne sont pas le fruit de décisions personnelles des policiers. Pas plus lorsque les CRS vont bousculer et frapper les travailleuses du piquet de grève de Verbaudet ou vont protéger des entreprises contre les travailleurs en colère, que lorsque les militants ou les travailleurs qui protestent sont arrêtés chez eux, comme ceux d’Air France il y a quelques années, ou ceux d’EDF dernièrement.

La police est le bras armé de l’État. Elle est formée à obéir et à agir dans le sens des intérêts de « l’ordre établi » c’est-à-dire de la défense des intérêts des plus riches et des capitalistes. Et dans une société pourrie d’inégalités, elle est inévitablement gangrenée par le racisme, le mépris social et antipauvre.

La gauche qui aujour­d’hui dans l’opposition appelle à une réforme de la police, évite de rappeler que lorsqu’elle était au pouvoir elle n’a jamais tenté de la mettre en œuvre. Au contraire, elle s’est servie de sa police comme chaque gouvernement contre les travailleurs en lutte. Elle a même joué un rôle déterminant dans la mise en place des forces de répression actuelles. Quand, à la sortie de la guerre, de Gaulle fit dissoudre les compagnies mobiles issues du régime de Pétain pour créer les compagnies de CRS, Maurice Thorez, ministre et dirigeant du PCF, a utilisé son influence et son poids pour faire accepter aux militants communistes et aux travailleurs « une seule armée, une seule police » au service du seul État en place, celui de la bourgeoisie. Et en 1947, quand les grèves ouvrières se multiplièrent, Jules Moch, un ministre socialiste, envoya les CRS contre les mineurs en grève. De même, plus près de nous, Hollande, président socialiste, les envoya matraquer les manifestants opposés à sa loi Travail...

C’est en s’attaquant à l’ordre social qu’on pourra en finir avec ces méthodes de la police. En 1871, la Commune de Paris a vu la plus radicale des réformes de ce corps : sa disparition et son remplacement par le peuple en armes. Jamais alors la ville de Paris n’a connu aussi peu de crimes et de délits. Jamais alors, la population n’a eu si peu à craindre. La seule façon de « réformer » la police, c’est bien de la détruire en détruisant l’État bourgeois et en lui substituant une organisation de la population elle-même, se donnant les moyens de régler démocratiquement tous les aspects de la vie sociale.

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