Safran Électronique et Défense Montluçon : huit jours de grève05/04/20232023Journal/medias/journalnumero/images/2023/04/2853.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Safran Électronique et Défense Montluçon : huit jours de grève

Cela faisait de longues années que l’usine Safran Electronique et Défense, ex Sagem, de Domérat, près de Montluçon, n’avait pas connu de mouvement important venant des travailleurs.

Cela a changé ces dernières semaines, avec une grève qui a mobilisé jusqu’à 600 personnes sur 1200, très soutenue dans les secteurs de production.

Le site avait déjà vu des débrayages en novembre, qui avaient arraché une prime de fin d’année de 750 euros. Le matin du 28 février, les syndicats se sont installés devant les portes. Bien que de nombreux ouvriers n’aient pas été prévenus, beaucoup se sont joints spontanément au piquet de grève. Ils demandaient 100 euros net d’augmentation, comptant sur le fait que le PDG, Andriès, n’avait pas hésité à s’augmenter lui-même pour faire face à la crise en s’attribuant plus de 20 000 actions, tout en leur en proposant dix par personne tout au plus.

La grève a mobilisé très vite beaucoup de monde, que ce soit pour quelques heures ou toute la journée. Au bout du troisième jour, la direction a décidé de passer à l’action en accordant enfin une augmentation allant jusqu’à 300 euros… mais uniquement aux cadres. La majorité de ces derniers ont alors abandonné le mouvement pour retourner dans leurs bureaux, à l’exception notable de certains qui décidaient de rester soutenir leurs collègues de production.

La direction a multiplié également les petits coups de pression individuels, prenant des ouvriers à part pour les menacer de sanctions, y compris de poursuites judiciaires. Devant les pressions des chefs, et sans aucune justification devant les travailleurs, FO se retira du mouvement, à la grande colère de tous, y compris de nombreux membres de ce syndicat qui déchirèrent leur carte en protestation. Mais les grévistes continuant à tenir le coup, au bout de huit jours, à court de stratagèmes et de ressources pour faire tourner les lignes, la direction envoya la police les menacer. Beaucoup d’entre eux, voyant leur nombre diminuer, réintégrèrent leur poste, en ayant arraché tout de même 83 euros d’augmentation et deux primes, pour un montant final de 98 euros.

Cette grève aura permis aux travailleurs de créer des liens de solidarité, de se compter et de se faire respecter, ce qui compte encore plus qu’une augmentation de salaire.

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