Intelligence artificielle : ChatGPT n’est pas le plus menteur05/04/20232023Journal/medias/journalnumero/images/2023/04/2853.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Intelligence artificielle : ChatGPT n’est pas le plus menteur

Une pétition lancée par des grands pontes de l’informatique et le milliardaire Elon Musk vient de mettre en garde sur les « risques majeurs pour l’humanité » que représenteraient les avancées récentes en matière d’intelligence artificielle. Dans la foulée, les médias ont surenchéri sur un ton tout aussi mensonger et réactionnaire.

« Ces derniers mois ont vu les laboratoires d’intelligence artificielle s’enfermer dans une course incontrôlée pour développer et déployer des cerveaux numériques toujours plus puissants, que personne – pas même leurs créateurs – ne peut comprendre, prédire ou contrôler de manière fiable » dit la pétition.

En réalité, l’avenir de l’humanité a bon dos. Dans cette affaire, la motivation du principal signataire Elon Musk, propriétaire du constructeur automobile Tesla, des fusées SpaceX et du réseau Twitter, est de critiquer des avancées technologiques… qui profitent à un de ses principaux concurrents, le groupe Microsoft.

La pétition dénonce les risques de désinformation dus aux capacités des logiciels de l’intelligence artificielle à produire de faux rapports ou de fausses images. Mais les faussaires n’ont pas attendu l’intelligence artificielle pour trafiquer des clichés et des documents. Ce type de désinformation existe depuis longtemps. Les États et les grands médias officiels ne sont d’ailleurs pas les derniers à y recourir pour tromper les populations. N’est-ce pas le gouvernement français qui, il n’y a encore que quelques semaines, assurait qu’avec sa réforme des retraites, chacun aurait droit à une pension minimale de 1 200 euros ? Et n’est-ce pas le gouvernement américain qui a inventé les « armes de destruction massive » du régime irakien de Saddam Hussein pour justifier sa guerre du Golfe en 2003 ? Sans oublier le nuage radioactif dû à l’explosion de la centrale nucléaire de Tchernobyl, dont il n’y avait rien à craindre car il s’était arrêté à la frontière franco-allemande, selon les experts du gouvernement français de l’époque. Il n’y a pas eu besoin d’intelligence artificielle pour inventer cela, seulement des politiciens menteurs et des journalistes serviles, formés à dire ce qu’il faut dire, bien mieux qu’un ordinateur.

Certes, les avancées récentes dans ce domaine ont de quoi impressionner : comme ces programmes, à l’image de celui nommé ChatGPT, capables de produire de longs textes, voire des livres entiers, comme s’ils avaient été écrits par un être humain, ou encore des images de synthèse extrêmement réalistes. Mais, plus sérieusement, l’intelligence artificielle est utilisée dans de nombreux domaines : par exemple celui du traitement des images médicales, celui de la traduction automatique d’une langue dans une autre, ou encore celui de la transcription de la parole humaine de manière extrêmement fiable quel que soit l’accent de celui qui parle.

Les logiciels de l’intelligence artificielle sont des programmes informatiques qui non seulement intègrent une énorme quantité d’informations fournies à l’avance mais en plus s’enrichissent au cours de leur utilisation elle-même. Plus un médecin utilise un tel programme pour analyser les images médicales de ses patients, et plus son programme évolue en intégrant ce que lui-même analyse à partir de ces images. Il n’y a là rien de menaçant, en soi, au contraire cela peut représenter d’importants progrès pour l’humanité.

Mais le problème est que, comme pour toutes les découvertes scientifiques, ce sont ceux qui dominent l’économie capitaliste fondée sur la concurrence et la recherche du profit immédiat et maximum, qui décident et orientent leur utilisation. Les machines suppriment-elles des emplois ? Non, ce sont les capitalistes qui font ce choix pour accroître leurs profits plutôt que d’alléger le travail des ouvriers. La seule conclusion à tirer est que ce dont l’humanité doit se débarrasser n’est sûrement pas le progrès scientifique, mais l’organisation sociale qui le pervertit, celle des Elon Musk et compagnie.

Partager