Poudrerie Herakles : la direction nie ses responsabilités05/04/20232023Journal/medias/journalnumero/images/2023/04/2853.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Poudrerie Herakles : la direction nie ses responsabilités

Lundi 3 avril s’est tenu au tribunal correctionnel de Bordeaux le procès de l’accident mortel survenu le 5 décembre 2013 sur le site de la Poudrerie Herakles à Saint-Médard-en-Jalles, en Gironde, où un ouvrier a perdu la vie et deux ont été gravement blessés.

Cette usine de poudre fabrique du propergol solide pour les missiles tactiques M51 et la fusée Ariane. À l’époque, elle faisait partie du groupe Safran et, après une restructuration qui a regroupé les activités spatiales d’Airbus et Safran, elle est devenue ArianeGroup.

Ce ne sont cependant pas les responsables actuels du site qui étaient sur le banc des accusés le 3 avril, mais le directeur de Safran Ceramics en tant que personne morale. Ce personnage non seulement n’y connaît rien en pyrotechnique mais il n’a jamais mis les pieds dans l’usine de Saint-Médard. Cela ne l’a pas empêché de nier en bloc la responsabilité de la direction de l’époque, malgré un dossier accablant de l’inspection du travail et les témoignages des survivants.

En effet le choix de la ­direction d’utiliser un vieil outillage exposant les ouvriers à la poudre, alors qu’il existait un système permettant de travailler à distance, est directement lié au départ de feu où la température est montée de plus de 3 000°C en deux secondes. « C’est comme si j’avais eu un soleil devant moi », a expliqué un des brûlés. Mais le nouvel outillage devait subir une réparation et la direction ne voulait pas interrompre la production. Elle a imposé de travailler avec l’ancien, ce qui a provoqué le drame.

Le représentant de Safran a sans sourciller regardé le père du jeune ouvrier mort brûlé vif en disant : « Nous n’avons commis aucune faute. » Et le procureur, droit dans ses bottes, a demandé la relaxe pour l’employeur. Cela a fait dire au père d’un des blessés : « Il y a deux justices, une pour les riches et une pour les pauvres. » Le délibéré attendu pour le 5 juin prochain dira ce qu’il en est.

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