Ce n’est pas à Matignon que l’on obtiendra satisfaction ! : Continuons d’être des millions en grève et dans la rue !05/04/20232023Journal/medias/journalarticle/images/2023/04/Une_1_Paris_28_mars_C_LO.jpg.420x236_q85_box-0%2C71%2C760%2C499_crop_detail.jpg

Editorial

Ce n’est pas à Matignon que l’on obtiendra satisfaction ! : Continuons d’être des millions en grève et dans la rue !

Illustration - Continuons d’être des millions en grève et dans la rue !

La Première ministre, Élisabeth Borne, avait prévu de recevoir l’intersyndicale le 5 avril. Celle-ci est venue au complet bien que Borne ait déjà dit et redit qu’elle a entériné le recul de l’âge de la retraite à 64 ans.

L’entrevue n’aura donc duré qu’une heure, les dirigeants syndicaux ayant continué à dire, et c’est heureux, qu’ils font du retrait de cette réforme des retraites un préalable à toute discussion.

Mais à quoi servait donc de se rendre à cette entrevue, sinon de la part des dirigeants syndicaux, à se montrer envers et contre tout prêts au dialogue avec le gouvernement ? Laurent Berger de la CFDT, qui revendique à cor et à cri son rôle constructif et sa volonté de négocier, est sans doute pressé d’en finir et de reprendre sa place d’interlocuteur privilégié du pouvoir. Mais cette pression existe pour toutes les confédérations. Y compris à la CGT, à FO et à Solidaires, où les cadres permanents passent, de fait, bien plus de temps à discuter avec les représentants patronaux ou gouvernementaux qu’à aider les travailleurs à s’organiser et à se battre dans les entreprises.

Il n’y a rien de bon à attendre de ce prétendu dialogue social dont le gouvernement, mais aussi les dirigeants syndicaux, entretiennent la fiction. Tout comme il ne faut pas attendre les bras croisés le verdict du Conseil constitutionnel. Cette institution, composée de serviteurs patentés de la bourgeoisie, peut, en théorie, censurer tout ou une partie de cette loi avec des arguments juridiques. Mais elle ne s’y résoudra qu’en sentant l’opposition et la pression du monde du travail.

Depuis deux mois et demi, c’est la mobilisation de millions de travailleuses et de travailleurs qui compte. Des millions de femmes et d’hommes, ouvriers, aides à domicile, agents de service, éboueurs, employés ont pris la parole pour dire « ça suffit ». C’est cette parole-là qui pèse sur le gouvernement, sur toute la vie politique, et pousse les chefs de l’intersyndicale au bras de fer avec le gouvernement.

La pénibilité, les problèmes de santé, les difficultés des horaires décalés, les salaires qui ne suivent pas les prix, le mépris envers les travailleurs ne sont plus des objets de discussion entre agents des cabinets ministériels et experts syndicaux. Ce sont des sources de colère et de revendications criées dans les rues du pays par les premiers concernés.

Personne ne connaît mieux que les travailleurs, les problèmes rencontrés sur une ligne de production, sur un chantier, dans un service hospitalier ou administratif, où les moyens manquent pour faire le travail comme il faudrait. Personne ne sait mieux que le monde ouvrier ce que cela signifie de ne plus rien avoir sur son compte le 10 du mois et de devoir choisir entre remplir son chariot et se chauffer. Alors, c’est à eux que revient d’exprimer leurs revendications.

Il faut aller jusqu’au bout du combat commencé. Macron ne veut pas céder ? Eh bien les travailleurs non plus. Ils n’ont aucune raison d’accepter une telle injustice.

En temps normal, nous sommes rivés à notre machine, à notre poste de travail ou à notre bureau. La dureté du travail et la pression des chefs nous empêchent souvent d’échanger avec nos camarades de travail et de nous connaître vraiment. Eh bien, ce mouvement est l’occasion de discuter et de faire connaissance ! C’est l’occasion d’échapper, ne serait-ce qu’une journée, à l’exploitation et à la domination patronale. Il donne la possibilité de s’en libérer et de crier ce qu’on a sur le cœur, il faut en profiter.

Par la grève, les éboueurs ont rappelé que les ordures ne se ramassent pas toutes seules, les travailleurs des raffineries ont montré que les cuves des stations-services ne sont pas approvisionnées par le Saint-Esprit, les cheminots que les trains ne roulent pas sans aiguilleurs, contrôleurs, conducteurs ou agents de maintenance… Nombre de travailleurs ont repris conscience de leur rôle indispensable pour toute la société et de la force collective qu’ils représentent.

Car tout le monde l’a compris : si nous ressentons tous une pénibilité au travail, c’est que, oui, se faire exploiter est pénible pour tout le monde, quel que soit le métier, et que l’on travaille dans le public ou le privé !

Conscients de leur unité, conscients de leur force numérique et politique, les travailleurs doivent continuer à se mobiliser et ne doivent laisser personne parler à leur place ! Macron est fatigué de ce bras de fer, montrons-lui que le monde du travail a de la réserve. Et que, si les travailleurs font preuve d’abnégation et de courage pour faire tourner toute la société, ils en ont aussi pour se battre et se faire respecter !

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