Budget militaire : la poule aux œufs empoisonnés05/04/20232023Journal/medias/journalarticle/images/2023/04/P4-2_OK_Lupo.jpg.420x236_q85_box-0%2C174%2C449%2C426_crop_detail.jpg

Leur société

Budget militaire : la poule aux œufs empoisonnés

Mardi 4 avril le Conseil des ministres a adopté la loi de programmation militaire 2024-2030. Elle marque un quasi-doublement des crédits consacrés aux armements et à ceux qui les utilisent.

Illustration - la poule aux œufs empoisonnés

L’État, qui ferme des hôpitaux et des maternités, ne trouve ni médecins ni enseignants en nombre suffisant et veut contraindre des millions de salariés à travailler deux ans de plus au prétexte d’économiser quinze milliards, va consacrer 413 milliards d’euros d’ici 2030 à acheter, entretenir et utiliser des engins destinés à tuer.

Le président et son gouvernement, les officiers supérieurs, les représentants des industriels de l’armement et l’ensemble des médias expliquent voire justifient ces dépenses pharaoniques par la situation géopolitique. La guerre en Ukraine, les menaces russe et chinoise, les nombreux foyers de tension, la défense de la France et de ses intérêts commerciaux et diplomatiques exigeraient une armée puissante. Ce langage est d’ailleurs tenu dans tous les pays, et les budgets militaires y crèvent allègrement les plafonds, de l’Allemagne au Japon, de la Chine à la Finlande. Depuis longtemps déjà cependant l’armée des États-Unis dispose d’une supériorité écrasante à tous points de vue. Son budget annuel dépasse les 800 milliards de dollars, alors que celui de l’armée chinoise n’atteint pas les 250 milliards, tout comme la somme des budgets militaires européens

Cette envolée généralisée des dépenses d’arme­ment s’accompagne de discours guerriers et de sombres pronostics, acceptés par le monde politique et médiatique officiel dans chaque pays. Ainsi, les députés et sénateurs français cautionnent la préparation militaire initiée par le gouvernement, son langage et ses dépenses. Certains à gauche se contentent tout au plus de trouver l’augmentation exagérée. Mais aucun ne conteste la nécessité de la défense nationale.

Tous trouvent donc normal que l’armée assure les profits des Dassault, Naval­Group, Thales, Airbus, etc., principaux marchands d’armes, fleurons de l’industrie nationale et vaches sacrées des dynasties bourgeoises. L’État règle les équipements rubis sur l’ongle, après avoir payé les études et recherches, promeut sur le marché mondial les matériels qu’il a subventionnés et avance même de quoi payer aux clients empêchés. Tous, députés, ministres, capitalistes et commentateurs, trouvent normal que les impôts des travailleurs financent les bases militaires en Afrique, l’entretien d’une flotte de guerre, voire les bombardements en Syrie, en Libye ou en ­Afghanistan. Du même coup, tous trouvent normal et en toutcas acceptent que l’armée française, à côté du général en chef américain, prenne sa petite part au maintien de l’ordre impérialiste, c’est-à-dire de l’exploitation, de la misère et du chaos.

Tout cela n’est donc pas seulement permettre à des marchands de canons de s’enrichir. C’est aussi participer à la concurrence entre trusts et États capitalistes qui peut à tout moment sortir du cadre strictement économique, pour autant qu’il existe. Cela mène à l’exacerbation des tensions entre États, aux menaces de plus en plus précises d’avoir recours aux armes et, finalement, au fait de s’en servir sur des champs de bataille, puisqu’on les a fabriquées.

Cette menace de guerre est la suite logique d’un système fondé sur la concurrence. Elle ne peut prendre fin que si les travailleurs de tous les pays entrent effectivement en guerre, mais contre leurs exploiteurs, pour les exproprier.

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