Hausse des prix : Le Maire au service des supermarchés08/03/20232023Journal/medias/journalarticle/images/2023/03/P6-1_Chariot_trop_cher_OK_Lupo.jpg.420x236_q85_box-0%2C75%2C800%2C525_crop_detail.jpg

Leur société

Hausse des prix : Le Maire au service des supermarchés

« Un trimestre anti-inflation » : voilà la dernière annonce de Bruno Le Maire face aux prix qui explosent. Derrière cette formule, la grande distribution s’engage à proposer « une sélection de produits au prix le plus bas possible ».

Illustration - Le Maire au service  des supermarchés

Se faisant l’agent commercial des patrons de Carrefour, Système U et autres Lidl réunis le 6 mars dans son ministère, Le Maire a tenu à préciser que « ce niveau de prix le plus bas possible sera pris sur les marges des distributeurs ». Comme si les géants de la distribution étaient des bienfaiteurs désintéressés !

En fait, le ministre a renoncé à imposer le panier anti-inflation qu’il avait promis, pour laisser le choix des produits à chaque enseigne. Ainsi Carrefour a annoncé une sélection de deux cents produits « à prix bloqués », Système U a promis « cent cinquante produits à prix coûtant » et Intermarché un panier de cinq cents références. Le contenu, le prix comme la qualité de ces paniers sont entièrement au bon vouloir des supermarchés. Ces produits pourront afficher un logo tricolore « trimestre anti-inflation » validé par le ministère. Sous prétexte de lutter contre l’inflation, la grande distribution va profiter d’une campagne de promotion.

Mais l’inflation n’a rien d’inéluctable ou de magique. Elle résulte des tractations menées entre les industriels, les Danone, Unilever, Lu, Lactalis et autres, et les grands distributeurs, pour se répartir les profits. Ces négociations viennent de se terminer, avec des hausses moyennes annoncées de plus de 10 %, ce qui va porter à plus de 25 % l’augmentation des produits courants, pour les deux années 2022 et 2023. La répartition des marges se fait sur la base des rapports de force établis entre les capitalistes de toute la chaîne, depuis les producteurs des matières premières, agricoles ou énergétiques, jusqu’aux distributeurs, en passant par les industriels et les transporteurs.

Dans cette chaîne, certains prennent la part du lion. Ainsi Unilever, qui fabrique la moutarde Amora, a vu ses profits augmenter de 25 % en 2022, tandis que les actionnaires de Procter & Gamble, qui fabrique la lessive Ariel, se sont partagé un pactole de 19 milliards d’euros. En deux ans, le prix du fret maritime a été multiplié par cinq, ce qui a permis à l’armateur français CMA CGM de réaliser un record de profits en 2022. En bout de chaîne, la grande distribution n’est pas sur la paille et ses profits sont eux aussi en forte hausse.

Comme l’affirmait le journaliste François Lenglet, au 20 heures de TF1, « le plus grand perdant est le consommateur » car « son salaire n’a pas suivi l’inflation ». Les travailleurs les plus modestes, qui doivent consacrer une plus grande part de leur salaire à l’alimentaire, sont les plus grands perdants.

« L’inflation prend au petit pour donner au gros, c’est Robin des bois à l’envers », concluait le journaliste. La formule est parlante mais, face à cela, les travailleurs ne doivent compter sur aucun Robin des bois, et surtout pas sur le gouvernement, qui accompagne les rançonneurs. Avant d’être des consommateurs, ils sont des producteurs, et leur rôle dans l’économie les met en situation d’imposer que leurs salaires soient indexés sur les prix. Un objectif vital, à mettre en avant d’urgence.

Partager