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Dans les entreprises
Airbus – Toulouse : on travaille, ils profitent
Le 16 février, Airbus a publié ses résultats pour 2022 : 4,25 milliards d’euros de bénéfices. C’est un record qualifié d’historique par toute la presse, même si moins d’avions ont été livrés. Au point d’ailleurs que le journal Les Échos a pu écrire : « On dirait qu’Airbus a trouvé la méthode pour gagner plus en travaillant moins. »
La méthode est simple : c’est la gestion capitaliste au détriment des travailleurs. Si on fait le rapport entre les bénéfices réalisés et les 134 267 salariés du groupe fin 2022, chacun a rapporté par son travail 2 600 euros par mois. À comparer avec les 2 % d’augmentation générale du 1er juillet dernier et le 1 % dont les salariés devraient bénéficier le 1er juillet 2023. Et même si la direction vient d’annoncer que la prime d’intéressement au titre de 2022 sera de 3 095 euros net, à condition d’avoir été présent douze mois, on est très loin du compte.
Pour le moment, les travailleurs sont plutôt attentistes. Mais, lors des mobilisations contre la réforme des retraites, ils ont été nombreux à débrayer : ainsi le 19 janvier, ils étaient 4 000 grévistes et trente bus avaient été affrétés par les syndicats pour aller à la manifestation ; le 31, ils ont été aussi nombreux sinon plus. Pour la plupart d’entre eux, travailler deux ans de plus est inacceptable. À la production, avec les horaires de nuit, on se ruine la santé. Dans les bureaux, les burn-out se multiplient. Le mécontentement concerne aussi les salaires. En effet, si Airbus essaie de faire quelques efforts pour présenter des salaires d’embauche attrayants, l’ensemble des salaires restent à la traîne. Et même si certains syndicats quémandent la réouverture des négociations sur les salaires, alors que le chariot des courses a augmenté de 17 %, ça ne fait pas le compte.
Et puis, il y a l’inquiétude face au nouvel accord Reload qui, entre autres, instaure l’annualisation du temps de travail, officialise l’abandon du « variable » qui permettait une certaine souplesse lors de l’embauche ou de la sortie. Il augmente le temps de travail (les cadres doivent travailler 214 jours) et intègre la mise en application du salaire au poste de travail de la nouvelle convention collective de la Métallurgie. Cet accord va être appliqué le 1er janvier 2024 et seule la CGT ne l’a pas approuvé. Ce sont de nouvelles attaques en perspective pour augmenter l’exploitation.
Les embauches ne sont absolument pas à la hauteur des besoins, l’augmentation des cadences d’assemblage se fait à effectifs réduits, et les retraités comme les malades ne sont pas remplacés. Le sous-effectif frappe aussi les nombreux sous-traitants. À l’automne dernier, Airbus a pu annoncer un taux de rentabilité de 14 %, au lieu des 10 % prévus.
Voilà comment Airbus peut annoncer des bénéfices faramineux. Ils se font sur le dos des salariés, et ce sont les actionnaires qui en profitent : le dividende va augmenter de 20 % et ils vont se partager 1,5 milliard d’euros.