Les sénateurs forcent la dose08/03/20232023Journal/medias/journalnumero/images/2023/03/2849.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

retraites

Les sénateurs forcent la dose

Alors que la population travailleuse y est très majoritairement opposée, et continue de le faire savoir, les sénateurs ont sans difficulté voté pour alourdir les conditions de retraite des salariés. Ils s’apprêtaient même, le 7 mars, à voter l’article 7 qui reculerait l’âge minimum de départ à 64 ans.

Sans toucher à leur propre régime, dit autonome parce qu’autosuffisant, les sénateurs de droite et macronistes, largement majoritaires, ont voté la suppression des régimes spéciaux dans les industries électriques et gazières, à la RATP, à la Banque de France, chez les clercs et employés de notaire et les membres du Conseil économique, social et environnemental. Les nouveaux embauchés dans ces secteurs seraient soumis au régime général, aggravant leurs conditions de départ, dès septembre 2023. Les sénateurs ont également voté l’index seniors, censé frapper du sceau de la honte les entreprises de plus de 300 salariés qui n’afficheraient pas un taux d’emploi suffisant de travailleurs âgés, et accessoirement les menacer d’une faible amende.

Les sénateurs LR et centristes ont même ajouté leur patte personnelle, en votant un amendement instituant un « contrat dernière embauche », selon le mot d’un de leurs collègues PS. Contre l’avis du gouvernement, ils ont proposé la création d’un CDI seniors censé favoriser le recrutement par les patrons de chômeurs de plus de 60 ans. Ce contrat exonérerait l’employeur du versement de cotisations familiales, soit entre 3,45 et 5,25 % du salaire brut concerné. Applaudissant des deux mains, les organisations patronales vont, pour certaines, jusqu’à réclamer également l’exonération de la cotisation chômage, soit 4,5 % de plus.

Pour les ministres macronistes, la mesure serait trop coûteuse – 800 millions d’euros selon Gabriel Attal – et pourrait provoquer « des effets de seuil, d’aubaine et de distorsion » selon Olivier Dussopt. Elle ne serait donc pas nécessaire pour que la contre-réforme des retraites fonctionne comme attaque antiouvrière. Elle a néanmoins été votée, la droite classique étant suffisamment représentée pour se faire valoir avec cette gâterie propatronale.

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