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Espagne : l’exhumation d’une fosse commune
Le coup d’État des généraux, le 17 juillet 1936, a commencé par des massacres d’opposants, jetés dans des fosses communes, dont certaines sont aujourd’hui fouillées. Cet article est traduit du journal Voz Obrera (UCI-Espagne)
Après de nombreuses années de travail sur la fosse du Pico Reja, dans le cimetière de San Fernando à Séville, les travaux d’exhumation sont terminés. 1 786 corps y ont été exhumés et les restes de plus de 10 000 personnes assassinées par le régime franquiste ont été localisés. Il s’agit de la plus grande fosse commune d’Europe occidentale ouverte depuis celles de Srebrenica en Bosnie-Herzégovine.
Ont été analysés seulement les restes présentant des signes de violence – trous de balles, mains attachées dans le dos, restes de ligatures – ou bien quand il y a eu suspicion de violence, en particulier quand les corps ont été enterrés face contre terre.
Ce projet a pu être mené à bien grâce à la ténacité des membres des familles et des militants du Mouvement pour la récupération de la mémoire Historique, qui se réjouissent de l’aboutissement des exhumations. Cela fait en effet 80 ans qu’ils luttent pour cela. Et ils y sont arrivés !
Après l’exhumation, l’université de Grenade sera chargée de réaliser les études ADN à partir des échantillons prélevés sur les familles par le laboratoire municipal de Séville. L’actuel maire de Séville a promis que la fosse de Monumento serait exhumée. Cette fosse se trouve également dans le cimetière de San Fernando, et c’est une autre des cinq fosses indiquées et qui, selon les spéculations, pourrait être encore plus grande que celle de Pico Reja. Espérons que ce ne soit pas des paroles en l’air !
On estime qu’à Séville il y a eu environ 3 300 meurtres dans les semaines et les mois qui ont suivi le coup d’État franquiste de 1936, car c’est l’une des provinces où on a le plus tué, environ 13 000 personnes au total. À Pico Reja sont inhumées des personnes abattues pendant les premiers mois de la guerre civile, mais aussi dans les années 1940, en plein régime franquiste.
Comme l’a dit l’un des proches présents, on n’a pas eu besoin de la présence du cardinal, ni de celle du président de l’Assemblée régionale, ni de celle des notaires pour dégager la fosse, ils ne se sont pas montrés. Et même si maintenant beaucoup profitent de la situation pour se mettre en avant, ce sont bien les membres des familles et les associations pour la Mémoire qui ont commencé, tout en étant très minoritaires, à faire l’histoire et la démonstration de ce qu’a été le génocide franquiste. Un combat de classe était en cours, dans lequel la bourgeoisie et les propriétaires terriens ne pouvaient supporter que les travailleurs luttent pour la réforme agraire et la révolution sociale.