Dans le monde

États-Unis : Le mariage dès 13 ans

Un récent reportage radiophonique est venu rappeler que, dans le pays le plus riche du monde, en moins de vingt ans, près de 300 000 mineurs ont été mariés à des adultes. Parfois, il s’agit de jeunes filles d’à peine plus de 10 ans. Aujourd’hui, 43 États sur 50 autorisent cette pratique barbare.

En Californie, près de 25 000 enfants ont été mariés ainsi entre 2000 et 2018. Un ex-sénateur raconte qu’en 2017 une jeune fille de 16 ans est venue l’alerter sur le fait que, dans son école, une élève de 13 ans allait être mariée par ses parents. C’était en plein milieu de la Silicon Valley, là où se trouvent implantées de grandes multinationales de l’électronique. Dans cet État, il n’y a aucune limite d’âge au mariage. En dessous de 17 ans, les services sociaux doivent vérifier qu’il n’y a pas suspicion de contrainte, mais il suffit du consentement d’un parent et de l’approbation d’un juge pour que l’affaire soit conclue.

Le calvaire de ces jeunes filles ne s’arrête pas là. Une militante d’une association qui lutte contre ces mariages, Fraidy Reiss, elle même mariée de force à l’âge de 19 ans à New York dans la communauté juive orthodoxe, explique que son association ne peut venir en aide aux mineures. « Beaucoup de mineures nous appellent, dit-elle. Malheureusement, nous ne pouvons rien faire pour elles, nous n’en avons pas le droit. Celles qui fuient le domicile conjugal ou celui des parents sont considérées comme des fugueuses. Elles sont reconduites chez elles par la police. »

Dawn Tyree, une autre militante, a été mariée à l’âge de 13 ans à quelqu’un qui en avait vingt de plus et la violait depuis ses 11 ans. Le mariage a couvert les exactions de son bourreau en le protégeant de toute poursuite judiciaire. À 16 ans, elle s’est enfuie avec un bébé et une enfant de quatre ans. Ensuite, pendant toute une période, elle a dû se cacher et vivre sans abri, accompagnée de ses deux enfants, parce qu’elle était mineure et considérée comme fugueuse hors la loi.

Dans beaucoup de pays du monde où les traditions les plus réactionnaires persistent, c’est au nom de celles-ci que des jeunes filles sont livrées comme des esclaves à leur futur mari. Aux États-Unis, les mêmes horreurs sont permises au nom de la « liberté », sous prétexte que le mariage est « un droit fondamental ».

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