Pénurie à l’hôpital : Braun cherche des boucs émissaires01/02/20232023Journal/medias/journalarticle/images/2023/02/P14-3_OK_Lupo_resultat.jpg.420x236_q85_box-0%2C74%2C800%2C525_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Pénurie à l’hôpital : Braun cherche des boucs émissaires

Incapable de pallier le manque criant de personnel dans les hôpitaux publics, en particulier de médecins, François Braun, ministre de la Santé, multiplie les opérations de communication et les coups de gueule contre de commodes boucs émissaires.

Illustration - Braun cherche des boucs émissaires

Le 26 janvier, le maire macroniste de Nevers inaugurait un vol hebdomadaire destiné à amener dans l’hôpital de sa ville des médecins de l’hôpital de Dijon. Pour justifier ce « pont aérien », comme l’ont pompeusement appelé les médias, le maire a invoqué « les 200 lits fermés faute de personnels médicaux et paramédicaux » et dénoncé « les dérives de l’intérim ». Selon lui, ce vol revient à 670 euros par passager alors qu’un médecin intérimaire « peut demander jusqu’à 3 000 euros la journée ».

Le 30 janvier, Braun a aussi dénoncé « l’intérim cannibale » de certains médecins qui « encourage le nomadisme médical et détruit la cohésion des équipes ». Il veut mettre en application dès le 3 avril une précédente loi, datant de 2021, qui limite la rémunération du personnel médical en intérim. Pour une garde de 24 heures, le plafond est de 1 170 euros. Il voudrait aussi interdire aux jeunes diplômés de passer par l’intérim en début de carrière.

Il est vrai que la pénurie de personnel soignant pousse certains, et surtout des médecins, à poser leurs conditions et à faire monter les enchères auprès des directions des hôpitaux. Le ministre qui parle, à ce propos, d’« intérim cannibale » devrait alors s’en prendre à ceux qui ont inventé ce système. Mais il faut un cynisme sans limite pour accuser le personnel qui choisit l’intérim, y compris ces médecins, de mettre l’hôpital en péril. Si le recours à ce service a explosé, et pas seulement pour les médecins, c’est justement parce que la dégradation des conditions de travail à l’hôpital, à tous les postes, pour toutes les qualifications, fait fuir les volontaires. Cette dégradation résulte de décennies de plans d’économies, de fermetures de lits, de gestion des hôpitaux comme s’ils étaient des entreprises, au service de la finance.

Lors de ses vœux aux hospitaliers, Macron a annoncé la suppression de la tarification à l’acte, sans dire par quoi il va la remplacer. Comme il n’est évidemment pas question de prendre sur les profits des capitalistes en restreignant les aides publiques, il refuse d’augmenter les budgets et les moyens destinés à l’hôpital. La seule solution qu’il a proposée aux travailleurs a été de revoir l’organisation du travail et les emplois du temps… à effectif constant !

De telles mesures ne peuvent que réduire encore le nombre de volontaires pour venir travailler à l’hôpital. Qu’à cela ne tienne, Braun n’en a cure.

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