États-Unis : policiers assassins01/02/20232023Journal/medias/journalnumero/images/2023/02/2844.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

États-Unis : policiers assassins

Le 7 janvier à Memphis dans le Tennessee, Tyre Nichols, un automobiliste noir était arrêté par des policiers. Ceux-ci, eux aussi noirs à une exception près, l’ont battu, tasé et gazé si violemment qu’il en est mort trois jours après. Des manifestations ont suivi immédiatement la publication des images de cette scène abominable.

Les cinq agents faisaient partie de l’unité Scorpion, circulant à bord de voitures banalisées et interpellant les automobilistes pour des infractions routières, même minimes, afin de fouiller le maximum d’individus et de voitures à la recherche d’armes et de drogue. Nichols, employé de FedEx, ne possédait ni l’un ni l’autre et rentrait simplement chez lui.

Cette unité avait été créée en 2021 par la nouvelle cheffe de la police de Memphis, elle aussi noire, pour montrer dans un contexte de montée de la criminalité qu’elle pouvait être aussi dure que les gangs. Le résultat ne s’est pas fait attendre : des habitants se sont plaints du comportement brutal des quarante policiers de Scorpion. Arrêter des gens pour des infractions mineures, voire inventées, les menacer d’une arme, leur aboyer des ordres, souvent contradictoires comme montrer ses mains quand elles sont déjà agrippées par d’autres policiers, pour justifier les coups assenés, fait partie de l’arsenal policier habituel pour se faire craindre. Pendant les treize minutes de son agression, Nichols a entendu 71 ordres auxquels il a essayé de se plier, subissant des coups pour ne pas avoir obéi assez vite.

À Memphis, suite à l’émotion suscitée par la mort de Nichols, les autorités n’ont pas essayé de couvrir leurs agents. Ils ont été licenciés ou suspendus, mis en examen et leur unité démantelée. Le président Biden s’en est mêlé, téléphonant à la famille de la victime pour lui manifester sa compassion et lui demander d’appeler les manifestants au calme.

Dans cette ville majoritairement noire, où la plus gande partie de la police et sa cheffe le sont aussi, le racisme est pourtant bien en cause dans ce meurtre. Un automobiliste blanc, surtout s’il est riche, a peu de chances d’être interpellé comme l’a été Nichols et encore moins d’être frappé à mort par des policiers, qu’ils soient noirs ou blancs. L’avocat de la famille de Nichols a dénoncé « la culture policière institutionnalisée et cette loi non-écrite qui autorise à user de force excessive contre des Noirs et des non-Blancs ».

Plus qu’une « culture », le comportement de la police va avec sa fonction, qui est de forcer les membres des classes exploitées à se plier aux règles de la société bourgeoise, et pour cela leur inspirer la peur. Depuis le meurtre du Noir George Floyd par un policier blanc en 2020 à Minneapolis, un courant aux États-Unis réclame de réformer la police, de changer sa formation ou diminuer ses budgets. Mais aucune réforme ne remettra en cause son rôle de répression. Les policiers sont dressés à ce rôle et les policiers noirs s’avèrent tout aussi capables de violence envers les Noirs pauvres que les policiers blancs.

Depuis 2020, beaucoup de grandes villes américaines ont nommé des Noirs chefs de la police. Cela n’a pas eu d’effet, pas plus que l’accession de Barack Obama à la Maison Blanche n’a protégé les Noirs des violences policières, ni aujourd’hui l’élection d’une vice-présidente noire, Kamala Harris. Ce sont autant de défenseurs d’une société inégalitaire et oppressive qui prend comme cible les classes populaires, et tout particulièrement les Noirs. La police, quelle que soit la couleur de peau de ses membres, avec ses violences, racistes ou non, est à l’image d’un État et d’un capitalisme oppresseurs qui ne méritent que d’être renversés.

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