Antilles : le virus du capitalisme et son variant colonial18/08/20212021Journal/medias/journalarticle/images/2021/08/_P8-2_mobilisation_du_12_aou_devant_le_CHUM_C_CO.jpg.420x236_q85_box-0%2C142%2C563%2C458_crop_detail.jpg

Leur société

Antilles : le virus du capitalisme et son variant colonial

Les membres du gouvernement, le préfet, les directeurs de l’Agence régionale de santé et d’autres mettent en cause l’insuffisante vaccination de la population dans la flambée de l’épidémie aux Antilles françaises.

Illustration - le virus du capitalisme et son variant colonial

S’il est vrai que le vaccin protège très largement des formes graves, d’autres facteurs poussent une grande partie de la population antillaise à hésiter, voire à refuser de se faire vacciner.

En effet, une grande méfiance a gagné ces dernières années la population, et singulièrement les travailleurs, quant aux décisions venues de Paris. Et avant tout le scandale du chlordécone, ce pesticide responsable de milliers de malades et de morts.

D’autre part, l’eau courante est impropre à la consommation, car Veolia et la Générale des eaux se sont contentées d’empocher les profits et ont quitté les Antilles en y laissant un réseau pourri. Et tout cela avec le soutien d’une partie des élus et des responsables locaux qui se sont servis au passage sur les redevances des usagers. Des milliers de gens en souffrent et sont révoltés. Comment observer correctement les gestes barrières avec des coupures d’eau incessantes ?

S’ajoutent à cela 30 à 40 % de chômage, l’appauvrissement accru de la population. Alors sa méfiance à l’égard de l’État et de ses représentants locaux n’a rien d’étonnant. Et cela s’est manifesté aux dernières élections par 70 % d’abstention.

De plus, la population antillaise est sujette à de graves maladies endémiques, entre autres l’hypertension et le diabète. La malbouffe entraîne l’obésité qui touche beaucoup de gens, surtout parmi les classes pauvres. C’est le résultat de siècles de misère et d’exploitation coloniale. Le scandale des yaourts vendus aux Antilles, bien plus sucrés que ceux vendus dans l’Hexagone, a révélé la chose, il y a plusieurs années. Cette situation qui fragilise la population n’a pas disparu.

Oui, la pauvreté tue aussi. La pauvreté plus le Covid et les comorbidités, plus encore.

Le vaccin pourrait pourtant sauver des gens. Il l’a déjà fait. Mais la méfiance est telle que la majorité de la population n’y croit pas.

Le système colonial, ce dangereux variant du capitalisme, qui a prévalu pendant un siècle et demi après l’abolition de l’esclavage et dont les séquelles demeurent, porte une lourde responsabilité dans tout cela. C’est lui le pire des virus qui a causé autant de dégâts physiques que moraux !

Macron, proposant des sanctions notamment pour les soignants qui ne se vaccineraient pas, a accru la colère populaire contre les sanctions, et aussi contre le vaccin.

Il n’y a pas à culpabiliser la population. Ceux qui le font en prétendant lui venir en aide sont ses ennemis.

Partager