Leur société

Sans-papiers : Des expulsions dramatiques

Vendredi 13 février, dans le 18e arrondissement de Paris, dans le quartier de la Goutte-d'Or, un homme désespéré s'est jeté par une fenêtre du deuxième étage d'un immeuble. Heureusement un auvent a limité sa chute et il ne s'est pas tué.

Un voisin qui aide ce travailleur sans papiers pour essayer de régulariser sa situation a expliqué les raisons de cette tentative de suicide. Mario, jeune Guinéen, en France depuis 2002, est maçon, marié avec deux enfants nés en France. Après des années de vaines démarches, le matin même il s'était présenté au centre de réception des étrangers du 17e arrondissement, rue Truffaut. Il était certain, avec l'aide de RESF, d'avoir enfin réuni toutes les pièces requises pour l'examen de sa régularisation. En particulier il possédait, enfin, le formulaire de « demande d'autorisation de travail pour un salarié étranger » signé par son dernier employeur, qui souhaite l'embaucher, ainsi qu'un « engagement de versement à l'Anaem (Agence nationale d'accueil des étrangers et des migrations) de 1 620 euros » également signé par son patron. Il s'était déjà présenté deux mois auparavant avec tous ces papiers, mais son dossier avait été refusé sous le motif que ces deux formulaires étaient verts et que les nouveaux étaient devenus roses ! Il est alors retourné chez son patron qui a accepté de resigner les nouveaux formulaires roses.

Mais vendredi13 février Mario a essuyé un nouveau refus de la préfecture car, ayant subi une période de chômage à cause de son manque de papiers, il ne possédait pas les bulletins de salaire des douze derniers mois, indispensables depuis une directive du 12 février, « pour justifier d'une expérience professionnelle dans le métier pour lequel le demandeur est recruté ». Alors, pas d'emploi déclaré avec feuilles de paye, pas de papiers. Pas de papiers, pas d'emploi !

Après trois arrestations, une garde à vue d'un mois en centre de rétention, un arrêté de reconduite à la frontière, Mario, ne voyant pas d'issue, a voulu se tuer.

Eric Besson, transfuge de la direction du PS, aujourd'hui successeur d'Hortefeux au ministère de l'Immigration, a programmé 27 000 expulsions pour 2009, afin que Sarkozy puisse se vanter auprès de l'électorat xénophobe d'avoir rempli son contrat. Derrière la froideur de ces chiffres, il y a des milliers de Mario.

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