Sommet social : Les chausse-trappes de Sarkozy18/02/20092009Journal/medias/journalnumero/images/2009/02/une2116.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Sommet social : Les chausse-trappes de Sarkozy

Avant même que ne s'ouvre la rencontre du 18 février, réunissant autour de Sarkozy les « partenaires sociaux », selon l'expression consacrée, c'est-à-dire les représentants du patronat et ceux de cinq confédérations syndicales considérées comme représentatives, on en connaissait grosso modo la teneur. En effet, Sarkozy s'était chargé, lors de son show télévisé du 5 février, d'en préciser les grandes lignes, « d'ouvrir des pistes » comme il a dit, en un mot d'en fixer le cadre.

Il avait au préalable pris le soin de repréciser qu'il n'entendait nullement changer de cap. Cela signifie qu'il entend continuer à multiplier les faveurs pour les possédants, à choyer les féodalités financières et industrielles, tout en continuant à brider fermement les revendications populaires, sous le fallacieux prétexte que la priorité doit rester à l'aide à l'économie, c'est-à-dire à ceux-là mêmes qui ont entraîné le système dans la crise.

Mais comme il lui faut montrer un peu de commisération pour les plus démunis, Sarkozy a proposé, dans une fausse symétrie, des mesures sensées aider les plus malmenés par cette crise. Et parmi celles-ci, la suppression du paiement de la première tranche de l'impôt sur le revenu, voire de la deuxième de ces tranches. Ou encore de ne pas exiger le paiement de la prochaine échéance du tiers provisionnel.

« C'est cadeau ! », prétendent les ministres et la droite. C'est vite dit, car ces bons apôtres se gardent bien de préciser que 16, 5 millions de foyers ne payent pas l'impôt sur le revenu, faute de revenus suffisants. Comme ils omettent de dire que seuls 2,1 millions de foyers bénéficieraient d'une telle mesure qui les exonérerait en moyenne de 334 euros d'impôt par an - même pas de quoi s'acheter une Rolex ! Autre façon de mesurer l'importance de ce cadeau : il coûterait 710 millions en manque à gagner à l'État, soit vingt fois moins que les 14 à 15 milliards que le bouclier fiscal laisse aux plus fortunés.

Parmi les autres pistes évoquées, il y a un saupoudrage de mesures destinées aux plus démunis, comme par exemple l'augmentation des allocations familiales, des chèques emploi service pour les personnes âgées ou les mères célibataires. Ces mesurettes concerneront quelques dizaines de milliers de personnes, qui bénéficieront de quelques dizaines d'euros supplémentaires par an. Pas de quoi crier victoire ni de dire merci à ce gouvernement.

La manoeuvre de Sarkozy apparaît clairement. En multipliant et en diversifiant des propositions insignifiantes au regard des difficultés que rencontrent les classes populaires, il a fait le calcul que cela donnera lieu à des discussions prolongées, qui lui permettront de disloquer le fragile front syndical et d'organiser la diversion face aux exigences des travailleurs. Il n'est pas difficile de discerner ce piège. Car le pouvoir le met en place au vu et au su de tous.

Partager