Dans les entreprises

Glaxo -Évreux (Eure) : 800 suppressions d'emplois malgré les bénéfices

Jeudi 5 février, des centaines de salariés de l'établissement GlaxoSmithKline (GSK) d'Évreux, la plus grosse entreprise privée du département de l'Eure, se sont rassemblés de 10 h à 12 h 30 devant les grilles de l'entreprise pour protester contre la suppression de 798 postes sur le site d'ici à 2012. Parmi ces postes, 96 concernent le DPE, unité de recherche et développement, qui sera fermé, lui, dès juin prochain.

Au total, cela représente 40 % des 1 652 travailleurs de cet établissement spécialisé dans le « respiratoire », qui produit des médicaments diffusés sous forme de poudre ou d'aérosol. Il paraît même qu'un emploi Glaxo en induit quatre autres à l'extérieur. Cela ne serait qu'une partie d'un plan de suppression de 6 000 emplois dans le monde, pas encore totalement annoncé, dont 848 en France. Treize emplois sont aussi supprimés à l'usine de Notre-Dame-de-Bondeville, en Seine-Maritime, et plusieurs dizaines d'autres au centre de recherche des Ulis, dans l'Essonne.

À Évreux, c'est par ateliers entiers que les salariés sont venus au rassemblement. Certains, de l'équipe d'après-midi, sont venus en avance, d'autres, de nuit, sortis de l'usine depuis 5 h du matin, sont revenus pour y participer. Des intérimaires se sont joints aussi, parmi ceux qui sont encore là car, selon la CFDT, 600 intérimaires ou CDD ont été renvoyés depuis septembre 2008.

Outre des ouvriers de production, quasiment tous en 3x8, il y avait des techniciens, des agents de maîtrise et même des cadres, nombreux dans l'entreprises et eux aussi visés.

GSK, fruit de la fusion en 2000 de Glaxo-Wellcome et des laboratoires SmithKline-Beecham, est la deuxième firme pharmaceutique au monde et, avec ses 100 000 salariés, cette entreprise profitable n'a jamais connu de pertes. Cela ne l'empêche nullement de pratiquer les suppressions de postes. Rien qu'en France, le site d'Hérouville-Saint-Clair a fermé, un plan social a touché 50 % (soit 164 salariés) de l'effectif en Mayenne, tandis que l'emploi précaire est de 40 % à Notre-Dame-de-Bondeville, sans oublier 310 emplois dans le réseau de visite médicale, rattaché au siège français de Marly-le-Roi.

Le laboratoire se plaint de la concurrence des génériques, de l'effondrement d'un de ses antidiabétiques, mais n'invoque pas la crise récente pour son plan de restructuration. Le bénéfice net du groupe, qui serait en baisse de 11,7 % en 2008, atteint néanmoins plus de 5 milliards d'euros !

D'après la presse, il s'agirait pour GSK d'un tournant stratégique auquel lui et d'autres grands labos seraient confrontés pour répondre à une nouvelle demande, celle des pays émergents, Brésil, Inde et Chine, qui veulent des médicaments 40 à 50 % moins chers. Mais plutôt que de couvrir cette économie en prenant sur ses profits actuels ou passés, le labo les fait payer aux salariés.

À Évreux, le maire socialiste dissident a formé une cellule de crise allant du président du Conseil général socialiste au ministre UMP Bruno Le Maire, ancien député de la circonscription. Maire et président du Conseil général étaient présents au rassemblement devant l'usine. Le ministre est venu le lendemain rencontrer les syndicats et la direction.

Cependant les salariés sont pessimistes. Beaucoup disent que l'entreprise va fermer. Les plus révoltés - souvent au DPE - soulignent les profits de GSK. Il n'y a guère à espérer un reclassement interne alors que dans le même temps GSK crée, en tout et pour tout, treize postes pour un centre de logistique à Évreux. Alors les travailleurs, au moins, veulent partir avec un maximum d'argent. « Quatre ans de salaire, disent certains. Avec la crise actuelle on en a pour des années à retrouver du travail. » La direction propose d'emblée douze mois de salaire, et serait prête à aller jusqu'à 21 mois... Investir dans la suppression d'emplois, cela doit être rentable.

Partager