- Accueil
- Lutte ouvrière n°2892
- Jacques Delors : de l’or pour les capitalistes
Leur société
Jacques Delors : de l’or pour les capitalistes
Après la mort de Jacques Delors, les éloges se sont multipliés, de LR à La France insoumise.
Ainsi, pour Mélenchon : « Jacques Delors était un socialiste de la génération qui avait un idéal. Si éloignés qu’on ait pu être, je salue le militant et l’homme d’action qui agissait en pensant au bien commun. » En fait de « bien commun », Delors, haut fonctionnaire depuis 1962, successivement membre de la CFTC puis de la CFDT, se mit au service du Premier ministre gaulliste Jacques Chaban-Delmas en 1969. Puis, Mitterrand l’ayant suffisamment rassuré sur ses intentions, Delors le rejoignit au Parti socialiste en 1974, avant de devenir son ministre de l’Économie en 1981. Quand Mitterrand, après un an de pouvoir, en 1982, décida un plan d’austérité, Delors le mit en œuvre. Il dévalua deux fois le franc, instaura le forfait hospitalier, décida d’un prélèvement obligatoire sur tous les revenus imposables et augmenta toute une série de prix, du téléphone à l’électricité, autant de mesures destinées à ponctionner le monde du travail pour rassurer les marchés financiers. Mais cela ne suffit pas et, après les élections municipales de 1983, Delors instaura le blocage des salaires.
Retiré officiellement de la vie politique après avoir présidé la Commission européenne, Delors n’eut de cesse d’intervenir dans le débat, toujours en faveur des mesures antiouvrières. Ainsi, pendant les grèves contre la réforme Fillon des retraites en 2003, il signa une tribune reprochant au Parti socialiste de soutenir celles-ci, alors qu’il aurait pu, disait-il, être à l’origine du texte.
Lors du 41e congrès de la CFDT, en 1998, Delors a confié à des militants ses motifs de fierté : « Premièrement, j’ai réussi à désindexer les salaires, ce qu’aucun gouvernement de droite n’a jamais réussi à faire alors qu’ils en rêvaient depuis toujours. Deuxièmement, j’ai réussi à imposer sans révolte sociale un plan de rigueur qui a dû faire pâlir Raymond Barre. » C’est une leçon de choses pour ceux qui ont des illusions sur la gauche réformiste, celle qui aujourd’hui rend un hommage unanime à cet « homme d’action » !