États-Unis : tous les travailleurs sont des migrants !03/01/20242024Journal/medias/journalnumero/images/2024/01/2892.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

États-Unis : tous les travailleurs sont des migrants !

Le secrétaire d’État, c’est-à-dire le ministre des Affaires étrangères du gouvernement des États-Unis, a rendu visite au président mexicain le 27 décembre pour parler des 3 000 kilomètres de frontière qui séparent ces deux pays.

Chaque jour des milliers de migrants tentent de passer du Mexique aux États-Unis, par-dessus le mur érigé par Trump ou en franchissant le barrage flottant installé par le gouverneur du Texas sur le Rio Grande et en évitant les gardes-frontières, leurs chiens et leurs fusils. Ils viennent d’Amérique latine, fuyant la pauvreté, la violence et l’absence de perspectives. Ils viennent des Caraïbes, et particulièrement d’Haïti, en proie à la famine et aux bandes sanguinaires. Ils viennent aussi de beaucoup plus loin, d’Inde par exemple, après avoir pris l’avion jusqu’au Nicaragua puis la route jusqu’au Mexique.

C’est ce que tentaient de faire les 300 passagers bloqués par la police française sur un aéroport, entre le 21 et le 26 décembre. Renvoyés à Bombay, ils ont perdu les dizaines de milliers d’euros exigés par les passeurs et ont fait les frais du zèle policier, administratif ou politique des autorités françaises. Cela ne s’est pas soldé par des morts, comme lorsque des politiciens se font de la publicité en empêchant qu’on sauve les migrants en Méditerranée, mais le principe est le même.

Sur ce plan, les hommes politiques américains ne sont pas en reste. L’opposition républicaine au président Biden prépare la campagne de Trump pour l’élection de novembre prochain en faisant de la lutte contre l’immigration illégale son principal argument. Biden en fait autant. Il a, contrairement à ses promesses, poursuivi la construction du mur anti-migrants de Trump et repris les expulsions massives et lui aussi présente les deux millions de pauvres qui ont tenté de passer la frontière l’an passé comme des envahisseurs. Les deux concurrents, à la suite de leurs prédécesseurs, font preuve en la matière d’une inaltérable mauvaise foi. Le Mexique, voisin pauvre et pillé par les États-Unis, a toujours fourni, légalement ou illégalement, une main-d’œuvre bon marché aux capitalistes, du Texas à la Californie. L’exploitation économique des travailleurs mexicains se double depuis toujours du mépris, du déni de droit et des brutalités policières d’usage, resservis aujourd’hui contre les migrants venus de plus loin encore.

Les mensonges de Trump et Biden, comme en France ceux de Macron, Darmanin, Le Pen et consorts, leurs murs et leurs policiers se transformeront peut-être en voix et en sièges. Mais la misère, dont l’impérialisme est le seul responsable, continuera à pousser des jeunes gens courageux et des familles entières à tenter leur chance aux États-Unis, comme c’est le cas depuis deux siècles. L’approfondissement du chaos économique, social, et la permanence de la guerre ne peuvent qu’exacerber sur toute la planète cet exode permanent et généralisé .

Trump et Biden veulent faire croire aux prolétaires américains dont les familles sont arrivées il y a dix mois, dix ans ou deux siècles que ces nouveaux venus seraient des concurrents, des envahisseurs voire carrément des délinquants. Ils jouent la même musique que les Macron et Le Pen et les travailleurs conscients doivent partout y répondre de la même façon.

Ces millions d’immigrés ne font que chercher, comme tout un chacun, à vivre et à faire vivre leur famille. Le fait qu’ils viennent de la planète entière fait partie du caractère international du prolétariat, qui s’enrichit ainsi de combattants pour la lutte contre le capital. C’est pourquoi, au-delà de la simple humanité, les travailleurs des États-Unis et ceux de la vieille Europe doivent voir dans les migrants leurs frères de classe.

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