Commission européenne : petits meurtres entre amis16/10/20192019Journal/medias/journalnumero/images/2019/10/2672.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Commission européenne : petits meurtres entre amis

Alors qu’une nouvelle Commission européenne doit être constituée, la candidate choisie par Macron, Sylvie Goulard, a été refusée par les eurodéputés. Derrière le jeu politicien qui a présidé à ce choix, c’est la façon dont les États européens les plus puissants s’entendent pour diriger qui est un peu mise en lumière.

Les chefs d’État faisant partie de l’UE ont nommé en juillet 2019 un nouveau président du Conseil européen, qui lui-même a nommé une nouvelle présidente de la Commission européenne : Ursula Von der Leyen. Les États européens décident du choix des commissaires et des portefeuilles attitrés, en fonction du rapport de force entre eux, le Parlement européen nouvellement élu n’étant là que pour les adouber. L’audition des futurs commissaires tient plus de la rencontre entre futurs collègues, même si les eurodéputés ont un droit de veto, qu’ils se gardent bien en général d’utiliser. Cette commission est donc formée, non pas pour imposer son diktat aux États, comme veulent le faire croire les démagogues nationalistes de tout poil, de Mélenchon à Le Pen, mais pour appliquer servilement la politique voulue par ces États, et surtout les plus puissants d’entre eux : la France et l’Allemagne.

Macron a donc proposé Sylvie Goulard comme commissaire, en négociant un portefeuille énorme : industrie, numérique, culture et défense. Elle avait réalisé un passage éclair au ministère des Armées en mai 2017, avant de démissionner un mois plus tard, car elle était mêlée à une affaire d’emplois fictifs au Modem. Par ailleurs, il lui était reproché d’avoir touché d’un groupe de reflexion germano-américain une rémunération à hauteur de 10 000 euros brut par mois alors qu’elle était députée européenne entre 2013 et 2016.

Ce n’est cependant pas ce pedigree qui a valu un refus à la candidate de Macron. Le problème est que le PPE (Les Républicains, en France, la CDU en Allemagne) n’a pas pu, comme il est d’usage, nommer son propre candidat à la commission. Macron avait négocié avec Merkel pour l’écarter et nommer à sa place Ursula Von der Leyen, une Allemande également du PPE, en juillet dernier. Mécontents de cette manœuvre, les eurodéputés lui ont rendu la pareille en blackboulant Sylvie Goulard.

Deux autres candidats proposés par la Roumanie et la Hongrie ont été rejetés. En revanche, un portefeuille baptisé « protéger le mode de vie européen » a été créé et donné au grec Margaritis Schinas, qui se voit ainsi chargé de l’éducation, l’intégration, la migration, l’asile et la sécurité.

Les institutions européennes ne sont jamais qu’à l’image des États européens eux-mêmes, arc-boutés sur la défense de leurs propres intérêts, prêts à toutes les combines avec lesquelles la défense de l’intérêt des peuples n’a rien à voir.

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