Nos lecteurs écrivent : chômage, une réforme contre les plus précaires16/10/20192019Journal/medias/journalarticle/images/2019/10/P5_Courrier_lecteurs_COULEUR_Lupo.jpg.420x236_q85_box-0%2C277%2C2953%2C1938_crop_detail.jpg

Leur société

Nos lecteurs écrivent : chômage, une réforme contre les plus précaires

Illustration - chômage, une réforme contre les plus précaires

Je travaille à Pôle emploi et c’est la rage au ventre que je suis sortie de la journée de formation sur la nouvelle convention chômage. J’étais loin d’être la seule. La plupart d’entre nous sommes en colère et, même dans l’encadrement, personne n’a envie de défendre cette réforme. En formation, certains responsables en oublient même leur devoir de réserve, pour dire ouvertement tout le mal qu’ils en pensent.

À partir du mois de novembre, nous devrons expliquer aux demandeurs d’emploi qui ont cumulé quatre mois de CDD dans l’espoir d’avoir droit à des allocations, qu’il leur en faut désormais six. Quant à ceux qui arrivent en fin de droits, et qui pouvaient prétendre à un rechargement de leurs allocations s’ils avaient retravaillé au moins un mois, il faudra que nous leur expliquions que, désormais, il faut six mois. Pourquoi cette mesure ? Pour faire des économies bien sûr, mais également pour diminuer leurs sacro-saints chiffres et prétendre que le chômage baisse !

Mais la partie la plus choquante concerne le calcul des allocations. Le changement doit avoir lieu à partir du mois d’avril, c’est-à-dire après les élections municipales. Et ce n’est pas un hasard, tellement le nouveau calcul fera baisser les revenus des travailleurs au chômage, en particulier ceux des précaires.

Aujourd’hui, le calcul des allocations est identique pour un demandeur d’emploi ayant travaillé sur une même durée, qu’il ait été employé en continu ou par périodes intermittentes. À partir d’avril, les travailleurs qui auront alterné contrats courts et périodes de chômage pourront voir leur allocation diminuer de moitié !

Je travaille dans une région touristique et agricole. Beaucoup de travailleurs « font la saison », c’est-à-dire quatre mois de travail à temps plein puis quelques contrats par-ci par-là, pendant la période creuse. Pour eux, cette mesure va entraîner l’appauvrissement, voire la survie avec les minimas sociaux. Muriel Pénicaud ose dire que c’est une mesure qui vise à lutter contre la précarité, comme si les travailleurs étaient en contrats courts par choix. En réalité, c’est une guerre que ce gouvernement mène aux précaires, que la direction de Pôle emploi nous demande désormais d’appeler les « permittents ». Comme si nous allions être assez idiots pour croire que la réalité de la précarité disparaît en changeant de mot.

Pour donner le sentiment que la réforme est juste, le gouvernement met en avant la dégressivité pour les cadres, le malus pour les employeurs. Ce n’est qu’une tromperie de plus. La dégressivité s’appliquera aux salaires de plus de 4 500 euros et le malus ne concernera que quelques employeurs. Si on les laisse faire, le malus, ce sont les travailleurs qui vont le payer, et bien plus cher que les patrons.

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