Liberty Durisotti – Sallaumines : la grève a payé26/06/20192019Journal/medias/journalnumero/images/2019/06/2656.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Liberty Durisotti – Sallaumines : la grève a payé

Mercredi 19 juin, c’est à presque 100 % que les ouvriers de Durisotti, carrossier industriel de 210 salariés qui transforment des séries de véhicules dans le bassin minier du Pas-de-Calais, se sont mis en grève pour 50 euros d’augmentation pour tous.

Durisotti a été repris cet hiver par un grand groupe capitaliste, Liberty House, qui a aussi racheté plusieurs usines, dont Aluminium Dunkerque et les Fonderies du Poitou. La reprise s’est faite pour une bouchée de pain, 150 000 euros, et le tribunal a effacé toutes les dettes. Liberty House et son PDG ont de l’argent et, quand la direction a annoncé zéro euro d’augmentation cette année encore, cela a été vécu par tous comme une provocation. Réunis en assemblée générale, les travailleurs ont voté la grève immédiatement. La production a été totalement arrêtée pendant toute la durée de la grève et près de 100 grévistes se sont retrouvés chaque jour au piquet.

Le patron a rapidement senti qu’ils ne voudraient pas rentrer les poches vides. Dès le lendemain, jeudi 20, il a reculé et fait distribuer une proposition avec des augmentations ridicules de 0,3 ou 0,6 %. Mais tout le monde était d’accord : le bifteck coûte le même prix pour tous, alors pour tous il faut la même augmentation. Ses papiers ont été mis dans une poubelle et celle-ci lui a été rapportée.

Dès lors, les grévistes ont tout décidé en assemblée générale. Pour participer à l’organisation de la grève et aux négociations, un comité de grève de 15 membres a été élu, rassemblant tous ceux, délégués ou non, syndiqués ou non, qui voulaient que la grève réussisse. Le comité s’est réuni régulièrement à partir du lendemain, pour organiser les repas du midi, trouver des tonnelles pour s’abriter de la chaleur, proposer de passer dans les ateliers ou filtrer les camions qui, de toute façon, auraient eu bien du mal à être déchargés dans l’usine.

Bien des jeunes faisaient leur première grève et les discussions allaient bon train avec les plus anciens sur ce qu’on peut faire pour montrer notre colère et augmenter la cohésion de tous les grévistes.

Le 21 juin, la direction a redemandé à rencontrer les syndicats, mais les grévistes ont exigé que ce soient les représentants du comité qui viennent et rendent compte à l’assemblée des grévistes. À chaque proposition, c’est l’assemblée des grévistes qui se prononçait. La direction a cherché à diviser en proposant des augmentations différenciées mais, à chaque fois, la délégation quittait la table et l’assemblée votait que le travail ne reprendrait pas sans que tous obtiennent la même chose.

Après quatre jours d’arrêt de la production, la direction a finalement dû lâcher ce qu’elle refusait. Dans l’après-midi du lundi 24 juin, les grévistes ont accepté à l’unanimité 40 euros net par mois d’augmentation, complétée par une augmentation du prix du ticket restaurant (environ 13 euros de plus par mois), ce qui représente au total les 50 euros demandés.

Et surtout, les grévistes n’ont pas repris le travail avant d’obtenir que les quatre jours de grève soient intégralement payés.

Le patron a été jusqu’à demander que les travailleurs reprennent sans faire de triomphalisme, c’est dire ! Mais, pour tout le monde, c’est une victoire, et chacun mesure que, durant ce mouvement, on a appris à s’organiser démocratiquement et à agir en bloc. Cela servira face aux prochains mauvais coups du patron.

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